Schéma
Régional Climat Air Energie (SRCAE) Nord Pas de Calais Avis de Nord Nature Environnement |
Bien que nous ayons participé à
un nombre important de réunions préliminaires, les délais
(2 mois) de la consultation sont beaucoup trop courts pour un
document de plus de 300 pages accompagné d'un dossier
technique
Nord Nature Environnement prend position sur les volets :
• Energies renouvelables
• Réduction des consommations énergétiques et
des émissions de gaz à effet de serre
• Transports
1) Energies renouvelables :
1.1) Préliminaire :
Pour éclairer les choix, concernant les énergies renouvelables,
faits dans le SRCAE, il aurait été souhaitable de faire figurer,
en préliminaire, un bilan des ressources énergétiques
de la région Nord Pas de Calais
1.1.1) La situation actuelle :
Au regard de notre consommation, dont 3% sont constituées d’énergies
renouvelables, 97% sont des importations :
• Les produits pétroliers viennent du Moyen Orient, …
• Le gaz naturel vient de Norvège, Hollande, …
• L’uranium vient du Niger, Canada, …
• …
Cette dépendance nous fragilise et
pèse dans l’économie. Après avoir, en un siècle
et demi, épuisé le charbon de notre sous sol, a-t-on des ressources
énergétiques importantes en Nord Pas de Calais ?
1.1.2) Les gaz et pétrole de schiste :
Pour l’instant, il n’est pas sûr que nous en ayons significativement
dans notre sous sol. A l’heure actuelle, il n’y a que 2 certitudes
les concernant :
• les méthodes d’extraction actuelles sont très
polluantes
• ce sont des hydrocarbures à éviter d’utiliser
au regard du climat
1.1.3) L’énergie solaire dans notre région :
Dans le Nord Pas de Calais, on reçoit par an et par m² 1000
KWh . A titre de comparaison, cela signifie que durant une journée
d’ensoleillement moyen il arrive sur notre région une quantité
d’énergie solaire que la centrale nucléaire de Gravelines
met un an à produire sous forme d’électricité.
Contrairement aux idées reçues, il arrive beaucoup d’énergie
solaire dans notre région.
Via la photosynthèse, cette énergie sert fondamentalement
au développement des plantes vertes qui sont à la base de
la vie, flore et faune, et de notre alimentation.
Par contre, l’énergie solaire qui arrive sur les surfaces artificialisées
(bâtiments, routes, voies ferrées, parkings, …) est,
pour l’essentiel, perdue. En Nord Pas de Calais, les surfaces artificialisées
représentent 2064 km² . Il arrive par an sur cette surface 2000
TWh (térawatt heure) d’énergie solaire, à comparer
à la consommation totale d’énergie dans notre région
en 2008 : 160 TWh .
Nous avons donc, chez nous, une ressource énergétique considérable,
pour quelques milliards d’années, qui ne produit pas de CO2
quand on l’utilise et qui est gratuite.
1.2) Augmentation des ENR en Nord
Pas de Calais :
Actuellement, avec ses 3% d’énergies renouvelables dans notre
consommation énergétique, notre région est une des
dernières régions françaises (dont la moyenne est 11%).
Le SRCAE en projet prévoit de passer d’ici 2020 à 12%
alors que la moyenne française sera de 23%. IL y a fort à
parier que nous serons encore dans les dernières régions françaises.
Il faut développer un SRCAE plus volontariste car nous avons des
problèmes qui vont se poser pour le chauffage des habitations et
que, par ailleurs, nous avons un gisement très important d’énergie
éolienne.
1.3) Solaire thermique :
Selon Norener-Nordclimat 2010 (résultats de 2008), le chauffage est
largement majoritaire dans la consommation énergétique des
ménages (à la maison) :
On sait que la fin annoncée des ressources
pétrolières va augmenter considérablement le prix de
toutes les énergies utilisées actuellement pour se chauffer.
Ce sont les plus démunis qui seront les plus atteints dans la satisfaction
de ce besoin élémentaire : se chauffer.
Le SRCAE en projet prévoit de récupérer en «
solaire thermique toitures » 2000 GWh/an. Cela représente une
occupation de 5% des surfaces bâties dans notre région. C’est
nettement insuffisant. Il faudrait, à l’horizon 2020 arriver
à une production annuelle de 6000 GWh/an en utilisant les toitures,
les façades au sud, … , car on peut prévoir des pertes
importantes au niveau du stockage.
Pour le stockage de la chaleur, il faut développer les petits réseaux
de chauffage avec stockage centralisé pour diminuer les pertes dues
à la conservation de la chaleur .
1.4) Eolien :
Deux caractéristiques essentielles des énergies renouvelables
sont leur diversité et leur intermittence. La diversité est
un facteur essentiel pour régler le problème de l’intermittence
: par exemple, lorsqu’il n’y a pas de soleil on peut, peut-être
utiliser plus le vent … . En même temps, toutes les régions
n’ont pas les mêmes potentiels pour chaque énergie renouvelable
: par exemple, dans notre région nous avons, par m², moins d’énergie
solaire directe qu’en PACA mais nous avons un potentiel éolien
important et des vents réguliers.
L’INSEE Nord Pas de Calais nous apprend que « Avec 355 MW raccordés
au 31 décembre 2010, la région Nord-Pas-de-Calais se situe
du 8e rang des régions françaises pour la puissance raccordée
de son parc éolien, en progression de 12 % en un an, contre une hausse
de 24 % au niveau national. »
En plus, le graphique ci-dessous (source : INSEE) nous apprend que cette
croissance régionale est inférieure à la moyenne nationale
depuis 2005 !
Ainsi, le volet éolien du SRCAE qui avait été adopté au printemps 2010 est à revoir complètement en diminuant les contraintes paysagères et en fixant un objectif régional entre 2164 et 2694 MW raccordés au réseau en 2020 (soit le double de ce qui est prévu actuellement)
1.5) Solaire photovoltaïque :
1.5.1) généralités :
La proposition du SRCAE concerne les toitures et les installations au sol.
Or, il existe dans notre région un exemple d’installation photovoltaïque
importante, qui fonctionne depuis 1999 et qui n’est installée
ni sur une toiture, ni sur le sol. Ce sont des panneaux photovoltaïques
installés sur le mur anti-bruit de l’autoroute A21 à
la hauteur de Fouquières les Lens : 3m de haut, 450 m de long …
Cela signifie que les installations qui récupèrent l’énergie
solaire en flux (photovoltaïque et thermiques) peuvent aussi se situer
en bord de route, bord de voies ferrées, … et permettre ainsi
de récupérer les quantités gigantesques d’énergie
solaire qui arrivent sur des surfaces que nous avons artificialisées.
Ce manque d’imagination des auteurs du SRCAE est grave : il ferme
les perspectives ouvrant sur le gisement solaire régional.
1.5.2) stratégie de déploiement par rapport aux canicules
:
Cela s’est déjà produit en 2003 et, sur le plan électrique,
on a frôlé la catastrophe . Les changements climatiques annoncés
pourraient bien en amener régulièrement d’autres. Dans
ces situations, les climatisations fonctionnent à plein régime,
et on peut prévoir qu’elles vont se multiplier.
Dans cette optique, une première action d’un « plan climat
social » consisterait par exemple, pour tous les lieux où des
hommes sont dans une période de leur vie à difficultés
physiques (hôpitaux, maisons de retraite, maternités, …),
à y installer systématiquement des toitures photovoltaïques
et des climatisations de puissances comparables (par un bel ensoleillement).
Ainsi, en période de canicule, ceux d’entre nous parmi les
plus fragiles en seraient protégés et nos moyens de production
d’électricité ne seraient pas trop sollicités
On peut remarquer qu’une toiture photovoltaïque qui, par exemple,
transforme 10% de l’énergie solaire qu’elle reçoit
en électricité, diminue en même temps de 10% la quantité
de chaleur qui pénètre par la toiture en cas de canicule (indépendamment
du niveau d’isolation de cette toiture). Le photovoltaïque, utilisé
pour lutter contre la canicule, intervient donc de 2 façons complémentaires.
Le souci de soulager le réseau électrique par temps caniculaire
donne, pour les pouvoirs publics, un premier chemin à emprunter dans
l’optique d’un développement important du photovoltaïque
: imposer une toiture photovoltaïque à tous les bâtiments
climatisés (grandes surfaces commerciales, hangars frigorifiques,
…)
1.6) Les agrocarburants :
L’amplification de l’incorporation des agrocarburants dans les
véhicules est comptabilisée comme énergie renouvelable.
Il s’agit d’une politique fâcheuse, car les terres agricoles
doivent être réservées aux productions alimentaires.
Sans doute cette mesure relève-t-elle de décisions nationales
(et européennes), mais la Région s’honorerait en atteignant
les objectifs préconisés de 23% d’énergies renouvelables
sans recourir à des énergies nocives
2) Réduction des consommations énergétiques et des émissions de gaz à effet de serre
2.1) Objectifs chiffrés
Ils sont conformes aux objectifs de l’Union Européenne et de
la France pour l’horizon 2020 (réduction de 20% des consommations
énergétiques et des émissions de gaz à effet
de serre par rapport à celles de 2005). Pour l’horizon 2050,
le SCRAE régional ne prévoit pas d’atteindre la réduction
de 75% des émissions de gaz à effet de serre par rapport à
celles constatées en 2005 comme prévu par l’UE et la
France. Il y a là une grave insuffisance.
2.2) Orientations proposées
par le SCRAE
Elles sont bonnes dans l’ensemble. Toutefois :
Freiner l’étalement urbain, limiter à 500 ha/an l’extension
de l’artificialisation des sols revient à poursuivre un type
d’urbanisation reconnu maintenant comme nocif : l’étalement
urbain consomme des terres agricoles dont la fonction première doit
être nourricière, et il incite à un usage accru de l’automobile,
donc à une plus grande consommation d’énergie et à
des émissions de gaz à effet de serre. Au lieu de le freiner,
ne faudrait-il pas le stopper ?.
3) Transports :
Nous constatons avec satisfaction qu’un certain nombre des demandes
de notre fédération figurent dans les propositions du SRCAE,
et, compte tenu de l’urgence face aux dérèglements climatiques,
nous souhaitons qu’elles soient mises en place dès que possible.
3.1) Transport des voyageurs
Les trois axes ayant pour objectif la réduction des déplacements
routiers et leurs impacts – réduction des besoins en déplacements,
en nombre et en portée, développement des offres de transport
alternatives à la voiture individuelle, amélioration de la
motorisation et optimisation des conditions de conduite – sont effectivement
à prendre en compte
Réduction des besoins en déplacements,
en nombre et en portée :
Nous approuvons l’orientation AT1 « densifier les centralités
urbaines bien desservies par les transports en commun » , l’orientation
AT2 « planifier et développer une forte mixité fonctionnelle
dans les tissus urbains existants et dans les projets ».et l’orientation
TV4 « limiter l’usage de la voiture et de ses impacts en promouvant
de nouvelles pratiques de mobilité ».
L’orientation AT3 « Freiner l’étalement urbain
, en favorisant l’aménagement de la ville sur elle-même
» nous paraît timide et nous proposons de stopper l’étalement
urbain en raison de ses impacts négatifs (destruction de terres agricoles
et incitation à un recours accru à l’automobile individuelle).
Nous approuvons l’idée de favoriser le travail à distance
des salariés habitant à plus de 10 km de leur lieu d’emploi
(orientation TV4). An niveau national, un allégement des taxes sur
l’emploi pourrait contribuer à encourager ce mode de travail
en compensant ses éventuels inconvénients,
Développement des offres de transport
alternatives à la voiture individuelle
Nous approuvons l’orientation TV1 « Créer les conditions
favorables à l’intermodalité et à un développement
ambitieux de la marche à pied et de l’usage du vélo
» .et les précisions citées pour mettre en place ces
conditions., notamment des itinéraires sécurisés et
des abris pour les vélos.
Nous approuvons l’orientation TV2 « optimiser et développer
l’offre de transports en commun » en améliorant les correspondances,
en augmentant la fréquence des bus et en diversifiant les offres
avec des systèmes omnibus et des systèmes express. L’augmentation
proposée d’augmentation de 50% de la part modale des transports
en commun est un minimum.
Par contre, la prise en charge par les employeurs de l’abonnement
aux transports en commun est une mauvaise solution : les charges qui pèsent
sur l’employeur sont un des facteurs qui augmentent le chômage
et dans un souci social et environnemental il nous paraît plus efficace
de taxer les pollutions plutôt que de pénaliser l’emploi.
En ce qui concerne les voitures et vélos électriques, il ne
nous paraît pas souhaitable d’en favoriser l’usage tant
que l’électricité sera essentiellement fournie par les
centrales nucléaires et thermiques. La question sera à étudier
quand les énergies renouvelables éolienne et solaire seront
beaucoup plus développées et auront une production suffisante
pour assurer les besoins prioritaires en électricité.
Amélioration de la motorisation
Nous approuvons l’orientation TV3 « encourager l’usage
des véhicules les moins émetteurs de gaz à effet de
serre et de polluants atmosphériques ».
Il serait souhaitable de fixer des délais rapides de mise en application de ces trois axes.
3.2) Transport des marchandises :
Nous constatons avec satisfaction que la proposition de notre fédération
de favoriser une plus forte multimodalité des transports de marchandises
et notamment de favoriser les alternatives au transport routier en accroissant
la part modale du fret ferroviaire et fluvial a été retenue
(orientation TM1). L’objectif de part modale du fret ferroviaire et
fluvial de 30% des parts modales totales nous paraît un minimum à
réaliser dès que possible. La mise en œuvre de la taxe
poids lourds au niveau national doit y aider.
Les pistes d’actions concrètes présentées dans
ce TM1 sont à appliquer, notamment, la requalification des embranchements
ferroviaires, l’amélioration de l’offre ferroviaire sur
les infrastructures existantes, la réservation du foncier en bord
de canal aux activités utilisatrices du mode fluvial .
L’amélioration de l’offre ferroviaire est nécessaire,
mais elle doit s’appliquer sur les lignes existantes. Créer
de nouvelles infrastructures serait nocif : cela détruirait encore
des espaces naturels ou agricoles et imposerait des coupures néfastes
à la biodiversité dans une région déjà
excessivement morcelée.
Note 1 : si vous souhaitez utiliser une
partie du texte ci dessus, vous pouvez l'extraire du fichier
Word
Note 2 : Cette analyse constructive
du SRCAE par la Fédération Nord Nature Environnement est faite
à la date du 21 octobre 2011.Il est possible, si nous en avons le
temps, que d’autres aspects du SRCAE bénéficient d’une
analyse qui sera alors ajoutée au texte ci-dessus.
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Rappel
Le projet
de SRCAE :
+ Le projet de schéma qui peut être téléchargé
dans son intégralité ICI
(Document PDF -17.2 mo).
+ Le projet de schéma régional est accompagné de cahiers
techniques visant à expliciter les principales méthodes, hypothèses
et éléments de contexte régionaux pris en compte lors
de l’élaboration du projet de schéma. Vous pouvez télécharger
l’intégralité des cahiers techniques ICI
(Document PDF - 7.3 mo).
Toutes les personnes morales de droit public ou privé et toute personne quelque soit son âge peut émettre un avis sur le projet de schéma
Pour donner votre avis ou celui de l’organisme
auquel vous êtes rattaché(e), deux solutions sont possibles
:
+ En remplissant le questionnaire en ligne disponible ICI
Nota Bene : le questionnaire en ligne permet de sélectionner
la ou les parties du document sur lesquelles vous souhaitez vous exprimer.
A chaque étape du remplissage, le questionnaire comporte des liens
vers la partie concernée du document afin d’en faciliter la
lecture.
+ En envoyant votre avis aux deux adresses e-mails suivantes :
srcae.dreal-npdc@developpement-durable.gouv.fr
et srcae.environnement@nordpasdecalais.fr
Fédération Nord Nature, 23 rue Gosselet, 59000 LILLE - Tel 03.20.88.49.33 - mail :secretariat@nord-nature.org