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21/03/2005 : Communiqué de Presse de France Nature Environnement

Au secours : ils veulent mettre à sec
les dernières rivières vivantes de France !

Alors que les sénateurs se préparent à examiner le projet de loi sur l’eau, le syndicat des exploitants de micro-centrales hydroélectriques (GPAE) exige l’affaiblissement des règles de protection des rivières face à ces ouvrages.

Ils réclament d’une part, le déclassement des quelques rivières, ou tronçons de rivières, sur lesquelles la loi du 16 octobre 1919 interdisait toute nouvelle unité de production, et, d’autre part, la modulation, au cas par cas, du débit minimum que doivent laisser les usiniers dans la rivière : le but poursuivi étant en fait de l’abaisser.

Ces débits minima sont les fameux « débits réservés » qui garantissent la vie aquatique du cours d’eau, et que la loi sur la pêche de 1984 fixait à 10% du débit moyen. Abaisser cette valeur revient à turbiner plus d’eau, donc à produire plus d’électricité : mais le jeu en vaudrait-il la chandelle ?

Les conséquences en seraient le tronçonnage des dernières et rares rivières encore naturelles de notre pays, et l’assèchement programmé des nombreuses rivières déjà équipées.
Pour les poissons migrateurs, comme le saumon, l’alose, l’anguille, la lamproie et dans une certaine mesure la truite, supprimer le statut de rivière réservée serait un sale coup, comme si la pollution des eaux ne suffisait pas ! Quant à l’abaissement de la valeur du « débit réservé », c’est la biodiversité dans le milieu aquatique que l’on balaierait.
Reste le meilleur de la revendication des exploitants de micro centrales : abriter leurs intérêts bien compris derrière l’enjeu mondial de la réduction des émissions de gaz à effet de serre... Ils jettent la chandelle, ou la bougie un peu loin ! Dans un pays où l’on compte environ 260 grands barrages de production hydroélectrique et plus de 50 réacteurs nucléaires, l’effet supposé de cet abaissement sans précédent des principales mesures de protection de nos cours d’eau serait tout simplement ridicule.
La réduction de l’émission de gaz à effet de serre se situe ailleurs, et en particulier dans l’optimisation de l’utilisation des énergies fossiles non renouvelables. Nous devrions surtout maîtriser nos déplacements, ce que nous ne faisons toujours pas, et isoler les habitations, ce qui reste à généraliser.

Nous sommes dans la situation classique de politiques publiques qui s’opposent : énergie gaspillée contre biodiversité dans les milieux aquatiques. De cette confrontation, la biodiversité pourrait sortir perdante : que vaudrait dans ces conditions le plan biodiversité du gouvernement ? Entre les électrons homéopathiques des micro-centrales, le saumon, nos rivières vivantes et la réduction des gaspillages, le gouvernement doit faire le choix des vraies solutions et du développement durable.

La Fédération France Nature Environnement est opposée à tout déclassement des rivières réservées, à toute modification de la valeur du débit réservé autre qu’à la hausse. Elle soutiendra toutes les initiatives allant dans ce sens, comme elle l’a déjà fait à l’occasion du débat sur la loi de développement des territoires ruraux, où plusieurs parlementaires voulaient affaiblir les dispositions de la loi du 16 octobre 1919 sur les rivières réservées, rendant dans le même temps inatteignables les exigences de la Directive Cadre sur l’eau et de l’obtention du « bon état écologique » prévu pour 2015.


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