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15/10/2009 :Communiqué de presse du
Réseau "Sortir du nucléaire" - Fédération
de 840 associations
Contact : 06 64 100 333
L'affaire du plutonium "en trop"
à Cadarache illustre l'incompétence de l'industrie nucléaire
française
- Areva est obligée
de payer un concurrent (Urenco) pour enrichir de l'uranium au Tricastin
- EDF et Areva sont incapables de construire le réacteur EPR tant
en Finlande qu'à Flamanville
- 54 des 58 réacteurs nucléaires "français"
sont en réalité de technologie américaine (Westinghouse)
- La France échoue depuis 40 ans à faire fonctionner des surgénérateurs
(Phénix, Superphénix)
- L'industrie nucléaire française est incapable de gérer
ses déchets radioactifs
- La France et le Niger sont gravement contaminés par les mines d'uranium
exploitées par Areva
- Les contaminations et les fuites d'uranium (comme au Tricastin à
l'été 2008) se multiplient
- Les milliards d'euros nécessaires pour démanteler 70 réacteurs
nucléaires ne sont pas provisonnés
- Etc
Les récentes affaires concernant les déchets nucléaires
français expédiés en Sibérie et le plutonium
"en trop" subitement "découvert" à Cadarache
ne font qu'illustrer l'incompétence généralisée
de l'industrie nucléaire française.
La majorité des élus, à commencer par M Sarkozy, ne
cesse de prétendre que la France est "à la pointe du
nucléaire" mais il suffit d'étudier la situation pour
constater rapidement que la réalité est exactement inverse.
Depuis 50 ans, de Superphénix à l'EPR en passant par l'enrichissement
de l'uranium, l'industrie nucléaire a multiplié les échecs.
Elle est engagée dans une fuite en avant aussi ruineuse qu'irresponsable.
Il est nécessaire de rappeler quelques vérités édifiantes.
Les citoyens français doivent prendre acte que la "transparence"
dans le nucléaire n'existe pas et n'existera jamais dans l'industrie
nucléaire. Tant que celle-ci fonctionnera, la vérité
sera activement dissimulée aux citoyens, tant les dangers et les
pollutions du nucléaire sont graves et injustifiables.
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Quelques exemples des déroutes
de l'industrie nucléaire française
- Areva est obligée de payer un concurrent (Urenco) pour enrichir
de l'uranium au Tricastin
L'usine Eurodif (ou Georges Besse) étant en fin de vie, Areva construit
au Tricastin une nouvelle usine, Georges Besse 2, dont le chantier touche
à sa fin. Or la France, supposée être à la pointe
du nucléaire, ne sait pas enrichir l'uranium avec des centrifugeuses,
contrairement à divers pays dont... l'Iran.
Du coup, Areva est obligée de payer (fort cher) cette technologie
à son concurrent Urenco, et un processus industriel, dit de "boîte
noire", permet à Areva d'utiliser cette technologie… sans
pouvoir y accéder. Seuls les murs de l'usine Georges Besse 2 sont
donc français, la technologie est étrangère et la France
nucléaire est une fois de plus dépendante…
- EDF et Areva sont incapables de construire le réacteur
EPR tant en Finlande qu'à Flamanville
Le chantier EPR de Finlande, dirigé tant bien que mal par Areva depuis
fin 2005, compte aux dernières nouvelles 38 mois de retard et au
moins 2,5 milliards d'euros de surcoût... que les Finlandais entendent
bien facturer aux Français
Sur le chantier de l'EPR de Flamanville, EDF suit la même voie qu'Areva
en Finlande : commencé deux ans plus tard, fin 2007, le chantier
accumule les déconvenues. Il compte déjà près
d'un milliard d'euros de surcoût et d'un an de retard. Qui plus est,
comme l'a montré le chantier finlandais, les problèmes se
multiplient et le retard du chantier s'aggrave au fil du temps.
- 54 des 58 réacteurs nucléaires "français"
sont en réalité de technologie américaine (Westinghouse)
A part les 4 derniers réacteurs construits en France dans les années
90 - c'est-à-dire deux réacteurs à Civaux (Vienne)
et deux à Chooz (Ardennes) - tous les réacteurs nucléaires
"français" sont en réalité de technologie
américaine. Dans les années 70, au moment de lancer (sans
l'aval de la population) la construction du parc nucléaire actuel,
les dirigeants français ont écarté la technologie française
proposée par le Commissariat à l'énergie atomique (ces
réacteurs, dits "graphite-gaz", étaient fort peu
efficaces) et ont payé très cher à la société
Westinghouse (USA) des licences de construction de réacteurs nucléaires.
- La France échoue depuis 40 ans à faire fonctionner
des surgénérateurs (Phénix, Superphénix, etc)
Chacun a encore en mémoire la déroute de l'industrie nucléaire
française avec le surgénérateur Superphénix,
arrêté définitivement en 1997 après une suite
ininterrompue de pannes. Le réacteur Phénix, récemment
mis à l'arrêt, a vivoté à puissance réduite
du fait de brutales variations de puissance que le CEA n'a jamais réussi
à expliquer.
Et pourtant, l'industrie nucléaire française va à nouveau
gaspiller des sommes gigantesques pour essayer encore de faire fonctionner
un surgénérateur, rebaptisé "réacteur de
4ème génération" pour faire croire qu'il s'agit
d'un concept nouveau. Il est encore temps de stopper ce programme inutile,
dangereux et ruineux, et de reverser son financement vers les économies
d'énergie et les énergies renouvelables.
- L'industrie nucléaire française est incapable de
gérer ses déchets radioactifs
Des déchets nucléaires français sont expédiés
en Sibérie par EDF pour s'en débarrasser, du plutonium "en
trop" est subitement découvert à Cadarache, 160 000 tonnes
d'uranium sont stockés dans de simple hangars à Bessines (près
de Limoges), des tentatives (actuellement repoussées par les populations
locales) ont lieu pour imposer un site d'enfouissement dans l'Aube, un projet
criminel d'enfouissement des déchets les plus radioactifs est en
cours à Bure (Meuse) : des années après avoir immergé
ses déchets dans l'Atlantique, l'industrie nucléaire n'a toujours
aucune solution pour les déchets radioactifs.
- La France et le Niger sont gravement contaminés par les
mines d'uranium exploitées par Areva
Comme l'a démontré dernièrement l'émission de
France 3 "La France contaminée", le territoire français
est gravement contaminé par les mines d'uranium exploitées
pendant des années par Areva. Aujourd'hui, ces mines sont fermées
mais les contaminations perdurent. Areva contamine également, depuis
des décennies et aujourd'hui encore, le Niger où elle extrait
l'uranium qui alimente les réacteurs nucléaires français.
Cela montre d'ailleurs que le nucléaire n'apporte pas plus d'indépendance
énergétique que le pétrole ou le gaz.
- Les milliards d'euros nécessaires pour démanteler
70 réacteurs nucléaires ne sont pas budgétés
La France compte 58 réacteurs nucléaires en service et une
douzaine déjà arrêtés. Il va tôt ou tard
falloir démanteler tous ces réacteurs, ce qui va générer
des quantités inouïes de déchets radioactifs et coûter
des sommes gigantesques. Or, selon la Cour des comptes elle-même,
ces sommes n'existent pas et il apparaît clairement qu'elles ne seront
pas disponibles le moment venu.
La Grande-Bretagne a évalué à 104 milliards d'euros
le démantèlement de ses propres installations. La France,
qui en compte beaucoup plus, n'estime les besoins qu'à quelques dizaines
de milliards. De toute évidence, le moment venu, ce sont des centaines
de milliards d'euros qui manqueront
Conclusion
Les graves fautes commises par le Commissariat à l'énergie
atomique (CEA) dans son site nucléaire de Cadarache (30 kg de plutonium
"en trop" trouvés dans l'Atelier de plutonium : l'équivalent
de 5 bombes atomiques) posent des questions très importantes et illustrent
parfaitement la réalité du nucléaire en France :
- Le personnel politique des partis dominants (en particulier UMP et PS),
qui soutient aveuglément l'industrie nucléaire, est incapable
de contrôler les exploitants (EDF, Areva, CEA) qui mentent impunément
depuis des décennies.
- L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) est elle-même
parfaitement incapable de se faire respecter et d'assurer le contrôle
des activités nucléaires. Ainsi, le fameux Atelier, où
le plutonium "en trop" vient d'être subitement "découvert",
a été contrôlé à de nombreuses reprises
ces dernières années. Vainement, de toute évidence.
- Il est édifiant de rappeler qu'Areva a rouvert l'Atelier de plutonium
fin 2004 pour y traiter une cargaison de plutonium américain, alors
que la fermeture censément "définitive" de cet Atelier
avait été obtenue par l'ASN quelques mois plus tôt.
- Il est d'ailleurs légitime de se demander si le plutonium excédentaire
trouvé à Cadarache ne provient pas de ce "trafic"
de plutonium de 2004 entre Areva et les USA. Des mesures policières
et militaires insensées avaient alors été déployées
pour empêcher tout regard citoyen sur ces transferts de plutonium.
Les citoyens français doivent prendre acte que la "transparence"
n'existe pas et n'existera jamais dans l'industrie nucléaire. Tant
que celle-ci fonctionnera, la vérité sera activement dissimulée
aux citoyens, tant les dangers et les pollutions du nucléaire sont
graves et injustifiables.
C'est une des raisons, avec les risques d'accident, la production
de déchets, la prolifération à des fins militaires,
qui justifient justifient la nécessité de sortir au plus vite
du nucléaire.
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