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02/08/2010 : Communiqué de l'ADELFA (Jean Sename)

"Rapport Roussely" sur le nucléaire en France

Le remue-ménage constaté actuellement en pleine trève estivale (pur hasard bien sûr ?) avec la décision élyséenne de pacser d'autorité Areva et EDF et de rendre public le rapport "secret défense" Roussely, s'inscrit dans une démarche visant à rappeler que notre politique énergétique expansionniste reste scotchée, non pas sur la demande nationale - qui logiquement depuis Grenelle devrait baisser sous le coup des économies d'énergie - mais sur l'offre et le business internationaux.
Le rapport Roussely est très révélateur sur ce point. A noter que l'individu à qui l'on a passé commande en haut lieu d'un rapport bien sous tous rapports n'est pas dans son propos à une contradiction près. Ainsi dans la même page (6), il est capable de parler d'un pays, le nôtre, "fort du succès de son nucléaire civil", et de relever trois lignes plus loin que "la crédibilitédu modèle nucléaire et de la capacité à réussir de nouvelles constructions ont été sérieusement ébranlées....". A cause bien sûr des avatars de l'EPR, présenté pourtant page 8 "parmi les meilleurs modèles de la troisième génération" !
Et dans la foulée notre rapporteur de noter en termes à peine voilés qu'en matière de gestion des déchets, il n'y a pas de solution crédible pour le moment.
Plus grave encore, sur le terrain du "risque nucléaire acceptable" (page 15), un concept qui devrait hérisser le poil de tout un chacun normalement constitué, il ose : "la seule logique raisonnable ne peut être une croissance continue des exigences de sûreté". Ce qui s'appelle ouvrir la porte à toutes les dérives possibles et imaginables.
Et dans cette logique imperturbable de renvoyer ensuite à la niche l'ASN, coupable évidemment de trop d'indépendance de jugement, de prôner "un modus vivendi équilibré" (sic !), de réfuter l'existence d'une autorité "indépendante" empiétant sur "le rôle régalien de l'Etat". Exit la loi TSN ?!!!
Dernier point que je voudrai souligner : il convient d'être attentif à la dérive entretenue insidieusement par EDF et consistant à promouvoir une rallonge de vie des réacteurs jusqu'à 60 ans.
Personnellement, j'ai dans mes archives des documents afférents au CNPE de Gravelines où, au moment de sa construction, on fixait la barre à 25 ans de fonctionnement avant démantèlement. On est passé ensuite sans débat à 30, puis à 40 ans. Maintenant on parle de 60....
Je rappelle que la prolongation ou non de vie des réacteurs qui connaissent de réels problèmes de vétusté au niveau des cuves (irremplaçables) subissant tout au long de leur existence des traitements thermiques de choc, des enceintes de confinement, des générateurs de vapeur qui vieillissent mal, etc... est du ressort exclusif de l'ASN qui juge au cas par cas au sortir des visites décennales. Ce n'est pas EDF qui fixe la feuille de route. Qu'on se le dise et le répète.
J'estime d'ailleurs que si l'on dépasse le stade des 40 ans, il faudrait que les visites décennales aient lieu tous les...5 ans. Quand on vieillit, on va voir plus souvent le médecin, non ?
Il est clair que, si l'on suit M.Roussely, l'économique est en passe de reléguer la sûreté au second plan. Or sur ce point, c'est sûr, nous n'avons pas le droit de transiger.
Cordialement
Jean Sename