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17/01/2011, communiqué de France Nature Environnement
Gaz de schiste : face au mur, la France met les gaz !
France Nature Environnement et ses associations membres ont découvert avec stupéfaction le très grand nombre de permis exclusifs de recherche pour des hydrocarbures non conventionnels, en particulier les gaz de schiste, délivrés par le précédent ministre de l'environnement Jean-Louis Borloo sur des superficies considérables, sans que la moindre information n'ait été donnée au public et aux associations, en contradiction avec la convention d'Aarhus[1].
Hydrocarbures mon amour : chaud devant
!
Le renchérissement du pétrole rend très concurrentielles
des ressources d'hydrocarbures dites non conventionnelles, jusque là
délaissées, trop chères et trop dangereuses à
exploiter. Hélas, si la hausse du prix du pétrole rend les
énergies renouvelables désirables, elle pousse aussi l'homme
dans ses retranchements tant il est devenu en un siècle dépendant
aux hydrocarbures. Qu'importe que ces hydrocarbures soient responsables
du réchauffement climatique qui menace notre pérennité
! Qu'importe que la France se soit engagée à diviser par quatre
ses émissions de gaz à effet de serre ? Qu'importe le risque
de pollution des eaux pour lesquelles nous nous sommes engagés, avec
toute l'Europe, à atteindre le " bon état " à
partir de 2015, demain donc ?
Gaz de schiste : micro-tremblements
de terre et pollutions importantes
La fracturation hydraulique, technique utilisée à
ce jour pour exploiter les gisements de gaz de schiste aux Etats-Unis et
au Canada, est d'une grande violence puisqu'il s'agit de créer des
micro-tremblements de terre pour fracturer la roche en envoyant des milliers
de mètres cubes d'eau, de sable et de divers produits chimiques (plus
de 500), dont des produits cancérigènes, mutagènes
et reprotoxiques, afin de récupérer le gaz. De plus, chaque
puit ne pouvant drainer qu'une petite quantité de gaz, il faut en
creuser un très grand nombre, très proches les uns des autres,
avec l'emprise au sol et l'impact paysager induits. Ces forages ont déjà
provoqué la pollution de nappes phréatiques rendues impropres
à la consommation aux Etats-Unis, jusqu’aux nappes fossiles
où l’eau était intouchée depuis des milliers
d’années.
Ouvrir le débat face au risque
Dans ces conditions, FNE s'interroge sur l'opportunité d'aller
vers cette technique. Pour Bruno Genty, président de France Nature
Environnement " Il est clair que, une fois les permis de recherche
exclusifs distribués, une fois les investissements faits par les
industriels pour rechercher les zones exploitables, l'exploitation aura
bien lieu si les gisements découverts sont suffisamment rentables
quels qu'en soient les risques environnementaux. C'est donc bien avant de
commencer les recherches qu'il faut se poser la question de l'éventuelle
exploitation en évaluant les conséquences prévisibles
".
Face aux informations éparses
sur les permis de recherche exclusifs délivrés durant l'année
2010 pour des hydrocarbures non conventionnels, la fédération
France Nature Environnement (FNE) demande aux ministres en charge de l'environnement
et de l'énergie de saisir la commission nationale du débat
public (CNDP) avant toute décision d’exploitation et de prendre
un moratoire pour les autorisations déjà délivrées.
Elle demande en outre à l'Europe une expertise sur la cohérence
des politiques européennes afin de vérifier si l'éventuelle
exploitation de ces hydrocarbures menace la mise en œuvre des directives
eau et énergie-climat.
1] Convention d'Aarhus : la convention d'Aarhus porte sur l'accès
à l'information, la participation du public au processus décisionnel
et l’accès à la justice en matière d’environnement.
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