Info veille |
le 30/09/2011 : Communiqué de la CRIIRAD:
Commission de Recherche et d'Information Indépendante sur la Radioactivité
http://www.criirad.org/
ACCIDENT CENTRACO. Chiffres erronés, voire mensongers, sur la radioactivité des déchets. LA CRIIRAD AVAIT RAISON !
Dans le domaine du nucléaire, les dossiers changent mais
les constats restent les mêmes : sous-évaluation des risques
du côté de l’exploitant et manque d’esprit critique,
voire complaisance, du côté des experts officiels.
Le 23 septembre dernier, la CRIIRAD interpellait les autorités
en charge de la radioprotection et de la sûreté nucléaire,
Autorités de Sûreté Nucléaire et Ministères
de la santé, de l’industrie et de l’écologie.
Elle dénonçait le maintien du secret sur les éléments
clefs du dossier et la publication, par l’IRSN, d’un chiffre
étonnamment faible (63 000 Bq) pour l’activité
des 4 tonnes de déchets métalliques présents dans le
four au moment de l’explosion. La CRIIRAD jugeait cette évaluation
« absolument incompatible » avec le débit
de dose de 8,5 µSv/h qui aurait été
relevé sur le corps de
la victime de l’explosion, M. José MARIN. L’information
sur le débit de dose provenant d’une source officieuse, la
CRIIRAD, la CRIIRAD en était restée aux interrogations et
à la demande de clarification.
Lire
le courrier CRIIRAD du 23/09/11
Mercredi 28 septembre, via le site Internet du Dauphiné
Libéré, la CRIIRAD prenait connaissance des déclarations
du Procureur de la République en charge de l’instruction,
M. Robert GELLI, des déclarations qui confirmaient la mesure du débit
de dose. La CRIIRAD a donc adressé hier au Procureur de la République,
un courrier officiel soulignant qu’il est « impossible
de mesurer un débit de dose aussi élevé si la contamination
provient de déchets métalliques aussi faiblement contaminés
que l’affirment l’exploitant et l’IRSN»
et demandant que l’instruction intègre la réalisation
d’une cartographie dosimétrique ainsi que des analysées
en laboratoire afin d’établir l’activité réelle
des 4 tonnes de déchets radioactifs.
Lire
le courrier CRIIRAD du 29/09/11
La CRIIRAD vient de prendre connaissance de la note d’information
que l’ASN a publié hier sur son site Internet et qui indique
qu’il « s’avère que le four de fusion
contenait, au moment de l’accident, une charge d’environ 4 tonnes
de déchets pour une activité de 30 MBq et
non de 63 KBq comme l’a iinitialement indiqué
l’exploitant ». Cette nouvelle évaluation est donc
476 fois supérieure à celle qui prévalait
depuis le 12 septembre.
CETTE INFORMATION SOULEVE DE TRES LOURDES QUESTIONS :
1. Cette réévaluation aurait-elle été
publiée si la CRIIRAD n’avait pas interpellé officiellement,
par lettre recommandée avec accusé de réception, les
différentes autorités le 23 septembre dernier ?
2. Comment se fait-il que l’expert de l’Etat, l’Institut
de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire, qui était
présent sur le site et qui dispose de moyens sans commune mesure
avec ceux de la CRIIRAD, ait repris sans réserve l’évaluation
suspecte de l’exploitant ? Le chiffre de 63 KBq a été
publié dès le 12 septembre par l’IRSN et sans aucun
correctif ultérieur.
3. Quel crédit apporter à l’auto-surveillance
de l’exploitant, dispositif essentiel du contrôle de l’installation
CENTRACO ? De 63 kBq à 30 MBq, l’écart n’est
pas de 10 ou 20% mais de près de 500 fois ! Et il est tout à
fait improbable qu’il s’agisse d’un malheureux concours
de circonstances, que l’explosion concerne le seul lot de déchets
mal évalué par l’exploitant. Rappelons que la CRIIRAD
avait étudié le projet de création de l’installation
CENTRACO et que l’une des principales critiques qu’elle avait
formulée portait précisément sur le manque de fiabilité
du système de contrôle de l’activité des déchets.
On est d’ailleurs en droit de se demander si la CENTRACO ne
fonctionne pas en complète violation des prescriptions qui régissent
son fonctionnement : violation des dispositions du décret
d’autorisation qui limitent l’activité totale qu’elle
est autorisée à détenir ; violation des limites de
rejets de polluants radioactifs et chimiques dans l’atmosphère
et dans le Rhône. Si les rejets réels sont 10 fois ou 100 fois
supérieurs aux rejets déclarés, le dépassement
des limites de rejets de tritium ou d’émetteurs alpha serait
par exemple avéré.
Dans tous les cas, l’instruction devra déterminer si
la sous-évaluation de l’activité des déchets
relève d’une action délibérée de l’exploitant
ou d’un défaut de maîtrise des substances radioactives
qu’il met en oeuvre. Quelle que soit l’explication, le constat
est particulièrement
préoccupant.
Afin d’avoir accès à toutes les pièces du dossier,
les responsables de la CRIIRAD ont décidé d’inscrire
le DEPOT D’UNE PLAINTE EN JUSTICE à l’ordre du jour du
prochain conseil d’administration de l’association, programmé
le 14 octobre prochain. L’objectif sera de s’assurer que toutes
les responsabilités sont bien recherchées et établies.
L’explosion a provoqué la mort d’un employé. Un
autre est toujours dans un état critique. Toute la lumière
doit être faite sur les conditions de fonctionnement et de contrôle
de l’installation.
Fédération Nord Nature, 23 rue Gosselet, 59000 LILLE - Tel 03.20.88.49.33 - mail :secretariat@nord-nature.org