nn1.gif (2843 octets) Info veille

le 3/10/2011 : Communiqué de France Nature Environnelment

Quand la rentabilité des incinérateurs freine la prévention des déchets

Mardi 4 octobre à Paris s’ouvrent les journées de l’ADEME « Collectivités, comment maîtriser vos coûts de gestion des déchets ? ». Pour FNE, c’est l’occasion de rappeler qu’avant la construction de toute infrastructure de traitement (incinérateur, centre d’enfouissement, traitement mécano-biologique...), les collectivités doivent mettre en place des actions de prévention des déchets et évaluer le dimensionnement du projet sur ce gisement réduit. Evident… ? Ce n’est pas ce que dit la Cour de Comptes.

Des infrastructures surdimensionnées…

Un rapport de la Cour de Comptes1 , publié le 13 septembre, présente plusieurs cas où le gisement de déchets a été nettement surévalué. Pour ne citer qu’un exemple2 , le plan départemental d’élimination des déchets ménagers et assimilés de Savoie prévoyait que l’incinérateur de Chambéry Métropole augmente sa capacité de 92 000 à 136 000 tonnes. La communauté d’agglomération s’est contentée d’une augmentation de la capacité à 115 000 tonnes... Capacité encore trop élevée au regard des besoins du territoire concerné. L’évaluation du gisement, question cruciale qui conditionne la politique territoriale de gestion des déchets pour plusieurs dizaines d’années, est basée sur des calculs sujets à caution et les associations de protection de l’environnement ont rarement les moyens de réaliser des contre-expertises.

…qui fonctionnent comme des aspirateurs à déchets

Ces grosses unités de traitement ont un coût d'investissement important et des frais fixes tels qu'on cherche à les faire fonctionner au maximum. Pour ce faire, les collectivités se tournent vers de nouveaux gisements : déchets des activités économiques, départements limitrophes... FNE dénonce ce phénomène d'aspirateur à déchets qui va à l'encontre de la prévention.

Selon Penelope Vincent-Sweet, pilote du réseau Déchets de FNE, « De nombreux cas similaires à ceux relevés par la Cour des Comptes existent en France. Comme les incinérateurs peinent à remplir leurs fours, les collectivités hésitent à appuyer fortement la prévention par peur de manquer de déchets et de mettre en péril la viabilité financière de leur équipement. »

Il est nécessaire de bien réfléchir avant de construire une unité de traitement car il faudra la nourrir pendant 20 ou 30 ans. Le tonnage annuel de déchets résiduels ne devrait pas dépasser 150 à 200 kg par habitant, chiffre tout à fait atteignable avec des efforts de prévention et de recyclage ou même avec une tarification incitative. Certaines collectivités l'ont réduit à une centaine de kg par habitant. S'inscrire dans une dynamique de prévention et de gestion de proximité des déchets est un enjeu non seulement environnemental mais aussi économique.

Pour Bruno Genty, président de France Nature Environnement, « Le rapport de la Cour des Comptes montre que le surdimensionnement des infrastructures n’est pas un fantasme des écolos mais un problème sérieux qui coûte cher à la collectivité et nuit à la prévention des déchets, donc à notre environnement ».


1 : « Les collectivités territoriales et la gestion des déchets ménagers et assimilés »
2 : Le rapport présente d’autres cas particulièrement intéressants en Haute-Savoie et dans le Var notamment (p. 69 à 72)

Fédération Nord Nature, 23 rue Gosselet, 59000 LILLE - Tel 03.20.88.49.33 -  mail :secretariat@nord-nature.org