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21/04/2015 communiqué des Amis de la Terre de Dunkerque (Alain Vandevoorde)

Gravelines sera t-il notre prochain Fukushima ?

Tout comme Fukushima Gravelines est une énorme centrale située en bord de mer, la plus importante d’Europe avec six réacteurs en service tous trentenaires, c’est à dire arrivant en fin de vie. Mais c’est aussi selon le classement de Greenpeace l’un des trois sites les plus à risque en France


En effet Gravelines est situé dans un polder situé plus bas que les eaux de haute mer, et donc ses installations sont potentiellement inondables, tant par l’intérieur des terres, que par submersion marine.


Rappelons pour mémoire que la tempête de 1953 qui a fait 1800 morts aux Pays Bas et près de 300 en Grande Bretagne, a également rompu la digue des alliés à Dunkerque, provoquant une inondation de la ville ; ainsi qu’à Bray Dunes.

Plus récemment, la tempête Xaver de Décembre 2013 a produit à Dunkerque une élévation du niveau de la mer qui n’était qu’à 46 cm du niveau de 1953. Cet aléa qualifié de centenal (probabilité de 1/100), a conduit les autorités à revoir à la hausse cette côte.


Suite à la submersion marine de Xynthia, l’étude nationale menée sur l’état de notre littoral Français a établi que près de 90% des cordons dunaires et 25% des ouvrages artificiels nécessiteraient une intervention à court terme, voire en urgence, pas de quoi nous rassurer !


Il convient de savoir que ce risque d’inondation est à prendre très au sérieux, qui s’est produit lors de la tempête de Décembre 1999 à Blayais (Gironde), où cette dernière inondée était à deux doigts d’un accident majeur, en raison de l’arrêt de refroidissement du coeur de son réacteur.

Suite à cet évènement, les autorités ont décidé d’équiper toutes les centrales concernées d’une digue de protection, qui faute de finances suffisantes, n’a été achevée à Gravelines qu’en 2014, et ne prend pas en compte les derniers avis du GIEC


S’agissant de la montée prévisible du niveau de la mer, le GIEC nous annonce une élévation pouvant aller jusqu’à un mètre d’ici 2100. Cela n’a eu aucun effet sur nos dirigeants qui n’ont toujours pas fixé à ce jour de date prévisible d’arrêt d’exploitation pour aucun des six réacteurs existants.


Tout laisse à penser que nos autorités entendent poursuivre l’exploitation pendant encore 10 ans minimum, et même davantage où J.Bernard Levy PDG d’EDF espère autoriser l’exploitation des réacteurs pendant 50 et même 60 ans, citant en exemple les USA. Et pourtant certaines parties ne pouvant être rénovées, nous resterons avec de vielles installations rafistolées.


Cela nous mènerait au minimum vers 2025, voire 2035 ou au delà, d’autant qu’il est difficile d’imaginer un arrêt simultané des tranches, cela devant se faire progressivement


Avec le nucléaire, l’arrêt d’exploitation ne signifie pas la fin des risques et dangers ! Il faut en effet encore démanteler le site.


Là encore, sur le papier, pas de problème. Dans la réalité, c’est un peu plus complexe. Aucune centrale nucléaire de 900 ou 1100 MW n’a été démantelée à ce jour, aussi n’y a t-il aucun recul, ni garantie que tout se passe bien.

Revenons sur le démantèlement de Brennilis (70 MW). Ce site expérimental a été arrêté en 1985, et si le déchargement du combustible et le démantèlement des parties annexes peuvent démarrer rapidement, il n’en est pas de même concernant le batiment réacteur hautement radio-actif et contenant des déchets à vie longue.


De nombreuses péripéties se sont produites, allant de l’incendie à l’arrêt de la procédure par le tribunal administratif pour absence d’étude d’impact, jusqu’au relâchement accidentel d’éléments radio-actifs dans l’environnement.

Résultat des courses, le démantèlement est aujourd’hui arrêté, et il est prévu de le reprendre en 2020.


De fait démanteler, est très compliqué et dangereux pour les personnels et l’environnement, et coûte bien plus cher que ce qui a été prévu et imaginé.

A ce sujet un documentaire d’Arte de Mai 2013 intitulé « Centrales nucléaires, démantèlement impossible » posait cruement la question de la faisabilité, des risques et coûts.


Concrètement cela signifie que le démantèlement de Gravelines, même pas envisagé à ce jour pourrait nous entraîner jusque dans les années 2070, avec à ce moment là des risques d’inondation ou submersion bien plus importants qu’aujourd’hui


Cela pourrait avoir comme conséquence la contamination de territoires importants, mais aussi des relâchers incontrôlés d’eau contaminée en mer comme cela s’est produit à Fukushima.


Pour terminer, cette volonté de poursuivre le fonctionnemet des réacteurs de Gravelines, et de ne pas prendre en compte les risques particuliers de sa situation ne sont pas rassurants du tout, et en lien avec d’autres problèmes d’actualité et de sécurité, je dirais : « Pas de quoi trouver cela drone »


AV,

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