nn1.gif (2843 octets) Chasse, pêche

 

Courrier rappelant les positions fondamentales de la Fédération Nord Nature sur la chasse et la pêche :

 

Chasse, pêche, protection et gestion de lenvironnement. point de vue de Nord-Nature et du GON.

Par Lucien Kérautret

Douai, le 12/12/96.

A Monsieur Ph. M.,

Étudiant en DESS "Gestion des ressources naturelles et renouvelables".

Monsieur,

La chasse et la pêche ont été une nécessité vitale pour l'Homme avant le Néolithique. Maintenant, il s'agit d'activités de loisirs pratiquées par de nombreux adeptes dans le Nord de la France.

Les chasseurs et les pêcheurs étant des prédateurs, leur vision de la nature se réduit aux lieux de chasse et de pêche, à leurs proies (gibier et poisson) et aux autres prédateurs de ces dernières. Leur intérêt pour la protection et la gestion de l'environnement est donc très partiel et très partial.

En ce qui concerne les chasseurs, nous distinguerons leur action sur les espèces et leur action sur les milieux.

S'agissant des espèces, leur comportement est différent selon que l'espèce-gibier est sédentaire ou migratrice. Pour pouvoir chasser une espèce sédentaire, il faut laisser suffisamment de reproducteurs, en mettant en place un plan de chasse qui limite les prélèvements. Pour favoriser au maximum une espèce-gibier (par ex. la perdrix grise), certains chasseurs essaient de reconstituer un milieu favorable (reconstitution de haies, amélioration des jachères), ce qui est positif et profite à l'ensemble de la flore et de la faune. Mais, la production de gibier prend aussi un caractère d'élevage en plein air et s'accompagne d'une destruction d'espèces prédatrices ou supposées telles (petits carnivores, corvidés, rapaces), ce qui est très négatif et même illégal dans le cas des rapaces ou de certains carnivores (hermine, que les pièges distinguent mai de la belette ou du putois).

Les chasseurs interviennent encore négativement sur l'environnement en introduisant des sous espèces (ou populations) étrangères aux populations indigènes de gibier (pollution génétique), ou, plus grave, en introduisant des espèces étrangères (lapin de garenne autrefois, Sylvilagres ou "lapin américain" maintenant, faisans de plusieurs espèces, perdrix rouge, etc ... ) (pollution des biocénoses).

Quant aux milieux des espèces sédentaires, leur intérêt pour le chasseur se résume à la production de quelques espèces-gibier et à l'exercice de la chasse (terrains de chasse où le "gibier" peut même être "lâché" avant la séance de tir).

La chasse aux oiseaux d'eau et de passage s'apparente à la "cueillette". Dans le Nord de la France, la pression de chasse aux oiseaux d'eau est énorme, et croissante. La période de chasse est très longue et empiète largement sur la période de reproduction (de mi-juillet à fin février, soit 7 mois 1/2) : les espèces à reproduction tardive ne peuvent développer leurs populations dans la région (Fuligules à l'intérieur, huîtriers-pies sur le littoral). Les espèces non-gibier, dites "protégées", sont également perturbées par la longueur de la saison de chasse.

Les milieux aquatiques sont fortement modifiés par les aménagements pour la chasse aux oiseaux d'eau : tous les estuaires de notre littoral sont dégradés par le creusement de multiples mares de huttes et l'édification de ces dernières. L'aspect naturel des estuaires n'existe plus. Les zones humides de l'intérieur sont, de la même façon, transformées en terrains de chasse aux canards : marais, prairies humides sont "mités" par d'innombrables étangs et mares de chasse à la hutte, sans égards pour la végétation aquatique et palustre, ni la faune. Notre région se distingue aussi par l'occupation quasi-militaire des "réserves" de la Baie de Canche et du Platier d'Oye par les chasseurs. La "gestion" des réserves est, dans ces conditions, bien difficile.

Enfin, les chasseurs mènent campagne contre l'application de la Directive européenne "Habitats" dont l'objet est la conservation de la biodiversité par la désignation de "zones spéciales de conservation" (réseau Natura 2000) où la gestion serait adaptée après concertation.

 

Les pêcheurs se présentent comme les défenseurs de la qualité de l'eau : sans un minimum de qualité, il est vrai que les poissons se font rares et que la pratique de la pêche devient difficile. Sur ce plan là, leur action en faveur de la qualité de l'eau va dans le bon sens. Pour le reste, trop de pêcheurs aménagent le milieu pour la production de poissons et pour l'exercice de la pêche, sans se préoccuper du reste de la nature.

Ainsi, les "trous à pêche" se multiplient et altèrent ou font disparaÎtre des milieux marécageux ou prairiaux si précieux pour leur flore et leur faune sauvages. Le paysage est morcelé, mité par des constructions, les étangs ceinturés de cabanons, la végétation riveraine détruite par des pontons à bateaux et à pêche.

La pêche en étang se pratique depuis plusieurs années sans période de fermeture et le dérangement des oiseaux par la pêche en barque est donc continu, y compris au printemps en période de nidification. On voit même se développer maintenant la pêche de nuit.

Trop de pêcheurs ne supportent pas les animaux piscivores et ils ont participé largement à l'élimination d'espèces comme la Loutre, le Balbuzard pêcheur, les Hérons . Certains continuent à réclamer la destruction des hérons, grèbes, cormorans. Un certain nombre de pêcheurs sont champions en matière de bouleversement des biocénoses aquatiques par l'introduction de nombreuses espèces étrangères. Dans beaucoup d'étangs de pêche à la ligne, la "gestion" se résume à déverser des centaines de kilos de poissons destinés à être pêchés quelques semaines ou mois plus tard. Ces pratiques répondent à une logique de consommation et non de protection de l'environnement.

N.D.L.R. : il faut savoir qu'en: matière de chasse au gibier d'eau, la France détient le triste record de la durée :7 mois et demi contre 6 en Grèce; 5 et demi au Portugal; 5 dans sept autres pays voisins : Belgique, Danemark Italie, Irlande, Luxembourg, Pays-Bas et Royaume: Uni de Grande Bretagne; 4 mois et demi en Allemagne; 4 mois en Espagne , pour ne citer que les pays de la C.E.E .

Le triste record aussi: en ce qui concerne le nombre des espèces chassées 58 contre (dans l'ordre cité 33, 26, 9, 36, 37, 20, 4, 19, 31, 30 et 30 (source F.N.E.)

maison.gif (1048 octets)

flèche.gif (1041 octets)

outils.WMF (1928 octets)

Fédération Nord Nature, 23 rue Gosselet, 59000 LILLE - Tel 03.20.88.49.33 -  Fax 03.20.97.73.81 - mail : secretariat@nord-nature.org