Les observations des spécialistes amènent le constat suivant :

Au cours des 30 dernières années, plus de 30 espèces végétales de milieux précieux ont disparu de nôtre région, soit en moyenne une espèce par an. Cer,_aines de ces espèces étaient des espèces rarissimes, non seulement pour la région, mais pour la France et même pour l'Europe.

C'est donc un patrimoine génétique irremplaçable qui disparait.

POURQUOI?

Deux causes essentielles:

- la disparition de certains milieux, en particulier des milieux humides qu'on assèche, exploite, comble ... sous la pression conjuguée des agriculteurs, des promoteurs (en habitat ou structures de loisirs), des services de l'Etat (DDAF DDE ... ), voire des communes (dépôt d'ordures, zone industrielle littorale ... ).

- la mauvaise gestion ou plus exactement la non gestion des milieux, y compris des milieux protégés (le problème étant le plus souvent dans ces espaces semi naturels issus d'une exploitation extensive ancestrale, celui de l'exportation de matière organique formée). Cer- une gestion de ces milieux est assurée, soit par des collectivités locales, soit par des services de l'Etat (ONF par ex.), soit par «Espace Naturel Régional». Il est incon- testable à ce sujet que la Région a fait depuis plusieurs années de gros, de très gros efforts pour la sauvegarde des milieux. Un coup de chapeau particulier est à donner au passage à l'équipe du littoral de l'ENR pour le travail important qu'elle réalise en la matière. Mais trop souvent encore, la gestion reste malheureusement en-deçà des besoins et nécessite encore plus de compétence à la foie technique et scientifique et aussi plus de permanence dans l'effort sur le terrain.

QUE FAIRE ALORS ?

Le professeur GEHU a proposé dans la perspective européenne de 1992, la création de postes de gestionnaires de l'espace, à profil très précis et à l'image de ce

qui existe dans plusieurs pays voisins où ces postes allient en compétence connaissances scientifiques et conduite technique et pratique efficace. Il doit s'agir en sorte de «Jardiniers scientifiques», ou de scientifiques ne «répugnant» pas au travail manuel. Ce profil de poste existe à l'étranger ; pourquoi pas chez nous ?

Il faudrait aussi créer un ou des jardins patrimoniaux régionaux où des milieux reconstitués ou sauvegardés permettraient la survie des espèces les plus menacées.

Il est indispensable enfin que, pour chaque réserve, quels qu'en soient les statuts et le gestionnaire, soit installée une Commission scientifique qui en définisse les principes de gestion scientifique en guide, et en contrôle l'application et le suivi technologiques.

A titre d'exemple, le Professeur GEHU a cité le cas de la Réserve biologique domaniale de Merlimont où le gestionnaire (ONF) a très récemment laissé ouvrir une profonde tranchée de drainage qui va inévitablement, si elle n'est rapidement refermée, entrainer la disparition d'une espèce végétale unique en Europe dont c'est le dernier sanctuaire ; or, cette réserve, qui est la plus grande réserve biologique domaniale de la région, n'a toujours pas été dotée de commission scientifique de contrôle.

Les espèces végétales, comme les espèces animales, font partie du patrimoine vivant commun. L'état d'illusion dans lequel vivent la plupart des gens, y compris ceux qui se montrent sensibles à nos appels, ne doit plus continuer.

Une prise de conscience rapide est indispensable. Les mesures nécessaires doivent être envisagées dans le Xème plan en cours d'élaboration, car seul le plan permettra de dégager les moyens nécessaires au sauvetage et d'engager les actions susceptibles de conforter notre crédibilité européenne.

Notre rôle à nous, Associations, est d'alerter. C'est fait ! A chacun maintenant' de répercuter le cri d'alarme pour sauver notre patrimoine.

N.D.LR - Nord-Nature rappelle que lu listes des espèces disparues et menacées dans le Nord /Pas-de-Calais, ainsi que des espèces à préserver, sont parues dans les bulletins ne 27-1982, ne 36-1984, a 37-1984, ne 40-1985.