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Essai de toilettes à sec en Savoie |
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Auteur : Alain Vaillant, Fédération Nord Nature | accueil |
Préambule : dans l'histoire de la gestion des excréments humains, l'utilisation de l'eau pour déplacer les excréments de la cuvette, la nettoyer , et faire un "bouchon d'eau" (le siphon) qui éviter les odeurs et les insectes a été un vrai progrès pour l'hygiène et les nez sensibles. Mais cela se pratique actuellement essentiellement avec de l'eau potable, qui deviendra dans quelques années un produit rare et cher, et de plus, au "bout du tuyau" il faut (dans les stations d'épuration) séparer les excréments de l'eau !! Il existe une autre gestion de ces excréments, c'est le compostage.
Bien que connaissant le principe (et le
trouvant judicieux) des toilettes à sec depuis 25 ans, c’est depuis
1999 ans que mon épouse et moi l’avons mis en œuvre.
1) les circonstances : nous avons acheté un vieux
chalet (âgé de beaucoup plus de 100 ans et inoccupé depuis
30 ans) à Beauvillard dans la vallée des Bellevilles en Savoie
à la suite d’un coup de cœur … et de l’existence
de 7 enfants et 10 petits enfants que nous aimons voir.
Durant 6 ans nous y avons effectué des
travaux d’urgence pour assurer la durée du bâtiment. Il n’y
avait, bien sûr, pas d’assainissement. En siphonnant dans le bachal
(fontaine) situé en amont sur la place du hameau, nous obtenons l’eau
(1bar) à la porte du chalet. Les toilettes à sec étaient
donc la seule solution.
2) le matériel : mon épouse a récupéré,
avant le « ramassage des encombrants », une chaise percée
en bon état et nous avons acheté un seau hygiénique en
plastique bleu.
Au début, la sciure nous a été
fournie gracieusement par la scierie de Saint Jean de Belleville (sac plastique
noir à droite sur la photo) qui a fermé en 2003. Depuis, nous
nous fournissons dans d'autres scieries (bientôt, avec le développement
des poeles à granulés de sciure compressée, il faudra acheter
la sciure). Nous utilisons du papier hygiénique classique, sans colorant,
couleur « carton » (à gauche, sur le bidon). Le
local hébergeant le tout est l’étable du chalet, là
où était le mulet. Dans un coin de notre terrain, contre un vieux
mur, nous avons créé notre compost qui héberge également
nos déchets biodégradables.
3) le fonctionnement : un peu de sciure dans le fond et
sur le coté du seau, nous déféquons et recouvrons le tout
de sciure. Immédiatement (sauf exception) nous allons porter le tout
sur le compost, nous rinçons le seau et le remettons en place. Globalement,
cela a fonctionné 2 mois par an pendant 6ans pour 3 personnes. Nous utilisons
encore le même lieu de compostage.
4) les odeurs, insectes, … : tous les jours où
il ne pleut pas (et où il ne fait pas trop chaud), nous mangeons en plein
air à environ 10m du compost qui ne dégage aucune odeur et sur
lequel, par beau temps, il y a des insectes comme ailleurs …
5) problèmes avec l’environnement humain :
au niveau de nos petits enfants, cela se passe très bien. Au niveau de
nos enfants et de nos frères et sœurs, c'est un peu plus difficile
(cela est peut-être lié à la promenade avec un seau hygiénique
bleu visible à 100m !). Nos voisins ne nous en parlent pas …
pour l’instant. Seul l’un d’entre eux a montré un vif
étonnement (hypocrite) devant le papier hygiénique dans le compost
.. après 2 apéritifs à la distance « réglementaire »
des 10 mètres tout est rentré dans l’ordre. Nous avons eu
la visite du maire de la commune un jour de forte chaleur vers midi et, durant
la conversation, il s’est rapproché du compost mais n’a fait
aucun commentaire (il n'y avait aucune odeur). Il nous a simplement donné
des conseils pour l’assainissement avec l’aide de la commune.
6) aspect réglementaire : à Beauvillard,
l’assainissement est obligatoire. Nous n’avons pas le droit de rester
branchés sur le bachal et pour avoir le branchement d’eau communal,
il faut une fosse sceptique toutes eaux raccordée à l'égout
…Nous avons donc décidé (en 2002) de faire faire les installations
réglementaires (ce choix a été fait aussi par rapport à
nos invités). Un premier entrepreneur nous a fait attendre 3 ans pour
finalement déclarer qu'il n'a pas le temps !. Nous avons sollicité
un deuxième entrepreneur en 2005, René Dunanrt de Villarly (hameau
de Saint Jean de Belleville) et les travaux ont été effectués
en mai 2006
7) l’avenir : nous avons décidé de
conserver les toilettes à sec et de les intégrer dans l’environnement
du chalet. Pour cela, nous avons récupéré une chaise
percée centenaire et en bon état, nous allons la décaper
et la vernir, chercher un seau en fer galvanisé …
Avoir le choix dans la gestion de ses
propres excréments est un vrai luxe
rédacteur
de cette fiche pratique: alain.vaillant@laposte.net
"toilette à litière biomaîtrisée", par
Joseph Orszagh : http://www.habiter-autrement.org/11.construction/2_techniques/02_tech.htm#top
Note de mai 2006 : à la maniferstation antinucléaire intitulée "STOP-EPR"qui a eu lieu à Cherbourg le samedi 15 avril 2006 il y avait des toilettes à sec collectives (et mobiles : caravane à gauche sur la photo):
Il est vrai que le problème des toilettes publiques pour les organisateurs de grands rassemblements était, à ma connaissance, géré jusqu'alors de manière chimique dans des "cabanes" en plastique : tout le contraire du respect des cycles naturels !
On peut remarquer, sur la photo, que les gérants des lieux font cela dans la bonne humeur :
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