logo_nn.gif (3319 octets) Les fiches de Nord Nature Collection "Ecologie" 2005 toutes les fiches
Bureautique et efficacité énergétique

 

rédaction : Alain Vaillant, à partir d'un article de Olivier Sidler paru dans le n°320 de la revue "Silence" accueil

La revue "Silence" (Ecologie, Alternatives, Non-violence) dans son n° 320 de février 2005 a publié un article sur l'efficacité énergétique :

La bureautique : un formidable gaspillage d'électricité


Enertech, bureau d’étude drômois, a participé récemment à une campagne sur la bureautique financée par l’ADEME portant sur cinquante bâtiments de bureaux et près de mille appareils suivis.


La bureautique, et plus particulièrement les ordinateurs sont entrés dans nos vies, de gré ou de force, et il est difficile de remettre en cause leur intérêt lorsqu'ils sont utilisés intelligemment. Traitement de texte, puissance de calcul, modélisation de phénomènes complexes sont parmi les services courants dont on ne pourrait plus guère se passer. Les campagnes de mesure que nous faisons n'existent que grâce aux ordinateurs qui permettent de gérer, de trier des centaines de millions de données.

Mais est-ce pour autant qu'il faut accepter la dérive énergétique effrayante dans laquelle s'est engagée la bureautique depuis quelques années ? Certainement pas. Voyons d'un peu plus près de quoi il retourne....

En moyenne la consommation d'un ordinateur de bureau est de 361 kWh/an. Si on suppose qu'il y en a 20 millions,' cela conduit à une consommation annuelle de 7,2 TWh, soit la production annuelle d'une grosse tranche nucléaire.

Les paramètres influant la consommation d'un ordinateur sont la taille et la technologie de l'écran, la puissance à l’arrêt de l'unité centrale et de l'écran, et évidemment la durée pendant laquelle l'ordinateur est en marche.

Un ordinateur avec un écran cathodique de 21" va consommer en moyenne 306 kWh. Si l'on se contente d'un écran de 17", on tombe à 170 kWh. Si l'on adopte un écran plat de 17", on ne consommera plus que 102 kWh. Si l'on descend à 15", la consommation annuelle n'est plus que de 59 kWh.

Les écrans plats sont en moyenne beaucoup moins consommateurs (de l'ordre de 2,3 fois moins) que les écrans cathodiques. Il ne faut jamais acheter un écran de grande taille si on en n'a pas impérativement l'usage. Enfin, même quand on a arrêté son écran, il continue à consommer ! (avec une puissance entre 1,7 à 2,7 W). C'est une veille. Pour la supprimer il faut interrompre l'alimentation électrique de l'écran en le débranchant ou bien en coupant son alimentation par un interrupteur.

La solution la plus économe est incontestablement l'ordinateur portable. Tout compris (écran + unité centrale) leur puissance est en moyenne de 25 W Comme le travail sur portable n'est pas toujours très confortable, on voit se développer les "stations d'accueil". Il s'agit de terminaux comprenant un écran plat de 15" et un clavier sur lesquels on vient connecter un ordinateur portable quand on rentre au bureau. L'avantage est de bénéficier de la faible consommation du portable et du confort de la station (écran et clavier).

En moyenne, un ordinateur portable ne consomme que 53 kWh par an. Soit dix fois moins qu'un ordinateur avec écran cathodique de 21".


Peut-on faire mieux et moins ?

La question est évidemment : est?ce qu'on peut faire mieux et moins ? Et pour cela il faut comprendre comment sont utilisés les ordinateurs dans les entreprises. C'est là que les surprises commencent. L'étude a montré qu'une unité centrale fonctionne en moyenne 4004 h/an soit 17,8 h par jour ouvré, et un écran 2510 h/an soit 11,2 h par jour ouvré ! En clair les machines fonctionnent alors que personne n'est là, le soir, la nuit, les week-end et les vacances bien souvent. Il est à noter que le temps de fonctionnement des écrans est inférieur à celui des unités centrales parce qu'ils sont, pour 46% d'entre eux, sous contrôle d'un gestionnaire d'énergie qui les arrête lorsqu'ils ne sont pas utilisés. Il est d'ailleurs intéressant de noter que 7% de la consommation annuelle des ordinateurs correspond a une consommation de veille (l'ordinateur est arrêté).

Mais les surprises continuent lorsque, grâce à un dispositif de mesure spécifique, on analyse le temps pendant lequel un ordinateur de bureau est réellement utilisé (c'est?à?dire que quelqu'un actionne le clavier ou la souris) : 686 h/an, soit 3,0 h par jour ouvré ! Cela signifie qu'une unité centrale est utilisée 17% du temps pendant lequel elle fonctionne, et un écran 25% de ce temps. Tout le reste est du gaspillage inutile.

Pour faire mieux et réduire ses consommations, ce ne doit pas être trop difficile. On va hiérarchiser les mesures en distinguant ce qui ne coûte rien, ou presque, et ce qui peut être fait lors d'une acquisition ou d'un remplacement.

La première mesure rapporte gros, et elle est gratuite. Sur toutes les machines vendues depuis 4 ou 5 ans se trouve un gestionnaire d'énergie. C'est généralement Energy Star. Mais il n'est jamais activé, sauf sur certains écrans. Il faut aller l'activer dans le panneau de configuration « Options d'alimentation » On paramètreta l'arrêt d’écran après 10 minutes d'inutilisation (le mien est même calé à 5 minutes). et l'arrêt total de l'unité centrale après vingt minutes d'inutilisation Cette simple mesure provoque une réduction de consommation de l'écran qui est en moyenne de 60%. et celle de l'unité centrale de 51%. Voilà pour ce qui est gratuit.

Par l'achat d'une barrette multiprise avec interrupteur (environ 5€) sur laquelle on branchera 1 unité centrale et l'écran (ainsi que tous les périphériques d'ailleurs), on peut encore gagner 6% : lorsqu'on arrête 1 ordinateur, il suffit de couper l'alimentation de la barrette grâce à l'interrupteur

En investissant un peu plus on peut gagner beaucoup Ainsi en remplaçant, ou en choisissant, un écran plat à la place d'un écran cathodique, et en activant le gestionnaire d'énergie, on peut réduire la consommation de l'écran de 85 à 95%. De même si on utilise une station d'accueil et un ordinateur portable on réduit de 83% la consommation de l'ordinateur. L'usage du portable seul est encore plus économique puisque la réduction est dans ce cas de 89%.


Un énorme potentiel d’économie

Si on élargit le champ à l'ensemble de la bureautique, on est pris de vertige. La consommation annuelle observée est de 878 kWh/salarié Ce chiffre doit être rapproché de la consommation annuelle d'électricité spécifique (celle qui sert pour l'éclairage et l'électroménager) dans le secteur résidentiel : 1000 kWh/personne. Ainsi, un Français consomme désormais presque autant d'électricité pour la bureautique sur son lieu de travail que pour tous ses besoins électrodomestiques chez lui ! Et si on ajoute l'éclairage des bureaux, la consommation s'élève au total à 1552 kWh/personne dans les bureaux' soit 50% de plus que dans les logements

Ces chiffres montrent comment nous nous sommes habitués au gaspillage, comment celui?ci est devenu sournoisement quotidien et ordinaire. Et pourtant c'est si facile d'inverser la tendance et de réaliser des économies. Dans le débat actuel sur la stratégie énergétique future, il coûterait infiniment moins cher d'expliquer à tous les Français comment réduire leur consommation, plutôt que s'ingénier à construire des stratégies coûteuses et souvent bien aléatoires visant toutes, et de façon monolithique, à augmenter l'offre énergétique, comme si la croissance de la consommation d'énergie était une fatalité. Il faut se persuader, et notre travail d'exploration sur le terrain nous le prouve chaque jour, que les consommations d'énergie peuvent être toutes divisées assez rapidement par un facteur 4. A Enertech nous essayons de mettre en pratique nos idées : notre consommation d'électricité est quatre fois moindre que la moyenne nationale pour les mêmes usages. Ce n'est donc pas si compliqué que cela....

Olivier Sidler

L'auteur dirige le bureau d'étude Enertech,
implanté dans la Drôme. Il travaille depuis 25 ans
sur la maîtrise de l'énergie et l'utilisation de l'énergie
solaire dans le bâtiment.

Pratiquement :

  1. mettre en oeuvre le gestionnaire d'énergie de l'ordinateur dont on est responsable :
    Sous windows 98 seconde édition : démarrer > paramètres > panneau de configuration > gestion de l'alimentation

    on fait les réglages possibles dans les fenêtres prévues
  2. A la première occasion on achète une barette multiprise avec un interrupteur : on branche lampe de bureau, écran, unité centrale, imprimante et autres périphériques (cela protègera aussi les appareils de variations intempestives de l'alimentation électrique quand l'interrupteur sera sur "of"). Il faut ensuite prendre l'habitude d'utiliser l'interrupteur ...
  3. A l'occasion d'un changement de matériel, suivre les conseils de l'article ci-dessus.
  4. Si vous êtes responsable d'un parc informatique, la mise en oeuvre des points 1) et 3) est entièrement de votre ressort. Par contre, pour le point 2) il faudra mettre en place de nouvelles habitudes, ce qui est assez particuler.
  5. Si l'article ci-dessus vous a intéressé, vous pouvez vous abonner à la revue Silence :

Silence, 9 rue Dumenge, F 69317 LYON Cedex 04

maison.gif (1048 octets)

flèche.gif (1041 octets)

Fédération Nord Nature, 23 rue Gosselet, 59000 LILLE - Tel 03.20.88.49.33 -  Fax 03.20.97.73.81 - mail : secretariat@nord-nature.org