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Ensemble pour la Nature

Les actions constructives :

promotions, innovations, études

 

 

 

Les chapitres précédents pourraient faire penser que la Fédération NORD-NATURE n'a fait que s'opposer à des décisions d'élus ou d'administrations. Mais NORD-NATURE a toujours eu à cœur de proposer des solutions alternatives innovantes aux problèmes posés et à proposer aussi des solutions, de promouvoir des actions novatrices, de donner l'exemple toutes les fois que c'était possible et, enfin, d’effectuer des études pour compléter les connaissances ou éclaircir des points litigieux ou mal connus. Ce sont ces cas typiques, quelquefois exemplaires, qui sont relatés dans le chapitre qui suit.

 

 

I°/ Deux actions promotionnelles exemplaires avec haies et rivières

 

C'est NORD-NATURE qui, pour la première fois dans la région Nord Pas-de-Calais, a donné l'exemple pour deux objectifs prioritaires : la plantation des haies et le nettoyage de rivières par méthodes douces.

 

 

 

La première plantation régionale de haies

 

La haie a toujours été considérée par les défenseurs de l'environnement comme un milieu, non seulement riche mais aussi indispensable. Mais c'était, au début des années 70, une structure en voie d'extinction par suite d'aménagements ruraux dévastateurs pour favoriser l'agriculture industrielle, mécanisée et chimique.

 

Une action de replantation de haies a donc été décidée dans une collaboration entre la Fédération NORD-NATURE et l'une de ses associations affiliées à l'époque très active : "Vallée de la Lys Nature", dont le Président était Michel Tirmont.

 

La manifestation a été programmée à Steenwerck en mars 1977. J'ai été invité à faire une conférence préliminaire sur le thème "La Nature au présent et au futur" ; devant une salle des fêtes archipleine (tout le monde n'avait pu rentrer) j'ai évidemment parlé de la haie. Et, après la conférence, tous les auditeurs, avec en tête le Maire, Michel Tirmont, moi-même et les instituteurs, sommes allés, avec les enfants de l'école, planter une haie en limite d'une parcelle municipale entre deux champs dénudés ; l’opération s'est effectuée sous la conduite de gardes forestiers qui étaient allés chercher des plants d'espèces régionales en bordure d'une forêt de l'O.N.F.. Tout s'est passé dans l'enthousiasme et la bonne humeur.

 

C'était une première, car aucune haie n'avait encore été plantée. Nous avions espéré que l'exemple serait suivi. Il l'a été, plus tard, par diverses associations et par des services plus officiels, encouragés par des aides financières diverses dont les Conseils généraux.

 

Aujourd'hui, notre première haie a vingt cinq ans ; elle est perdue au milieu d'un bocage en partie urbanisé malheureusement car de nouvelles maisons ont poussé en même temps que les haies.

 

Cependant des haies sont maintenant épargnées et d'autres commencent aussi à prendre pied dans les champs ouverts : les agriculteurs évoluent, les esprits et la réglementation changent. Si la destruction de haies continue, des plantations commencent ; aller vers une agriculture plus respectueuse de l'environnement et de son propre avenir est envisagé enfin !

 

L'action de 1977 n'aura pas été vaine. Elle se voulait symbolique et exemplaire...elle le reste.

 

 

 

Le premier entretien de rivières par méthodes douces

 

Les curages de rivières, dans le Nord, on connaît ça. Toutes les rivières y sont passées et sont devenues de vulgaires fossés d'écoulement, mais aujourd'hui, avec les engins dont on dispose, c'est plus facile, plus rapide, plus spectaculaire : on cure et on rectifie en même temps ; on enlève la vase et tous les arbustes et plantes rivulaires aussi, du même coup de godet : destruction aussi absurde qu'inconsciente.

 

Alors la vision de la petite rivière Ecaillon, affluent de l'Escaut, curée et rectifiée sur une partie de son cours, en 1983-84, a fait déborder la patience des écologistes de la zone : un saccage total, un massacre intégral, la transformation de la rivière en un fossé antichar, nu, désolé et désolant.

 

C'est Janine Petit, du R.E.V. (Réseau des Ecologistes du Valenciennois) qui est aussitôt partie en guerre. NORD-NATURE, alertée a, au vu des dégâts, décidé de donner la main au R.E.V., pour faire une démonstration de nettoyage et d'entretien d'une rivière par des méthodes douces, ménageant les berges, conservant la nature et le paysage tout en effectuant un travail propre.

 

C'est à propos d'une seconde tranche de travaux lourds que la réaction prend naissance. Cette deuxième tranche fait l'objet d'une enquête publique, en mars 1984, qui voit l'opposition de la majorité des populations locales informées par le R.E.V. Nous décidons donc, J. Petit et moi-même, d'organiser une table ronde en Mairie de Vendegies-sur-Ecaillon le 9 juin 1984 entre protecteurs de la nature, services de l'Etat (D.R.A.E., D.D.A.) et élus locaux.

 

Vingt trois personnes (dont quelques agriculteurs riverains et un pêcheur) vont participer à cette table ronde à laquelle certains élus se sont fait excuser, mais où, sur l'invitation de NORD-NATURE, Monsieur Ch.Touzan, chercheur à l'I.N.R.A. de Toulouse, (spécialiste des rivières) et administrateur de la Fédération Française des Sociétés de Protection de la Nature (F.F.S.P.N.) vient prêter son concours ; la D.R.A.E. est également présente en la personne de P. Clavel (hydrobiologiste).

 

Cette réunion va décider de la suite à donner : un chantier de bénévoles prendra en charge un projet de curage/restauration de l'Ecaillon dans une collaboration NORD-NATURE/R.E.V..

 

NORD-NATURE venait de constituer un "groupe jeunes", essentiellement formé d'étudiants, sous la responsabilité d'un stagiaire à NORD-NATURE, G. Zasina. Le projet aussitôt élaboré, des crédits sont demandés à la D.R.A.E. (Directeur : M. B. Welcomme), à la Jeunesse et aux Sports, à l'Agence de Bassin et au Syndicat intercommunal. La D.D.A., également sollicitée, ne donnera pas suite. Le dossier est élaboré et suivi par NORD-NATURE.

 

Ce chantier de jeunes fait ensuite l'objet d'une acceptation par la Commission régionale du 7 décembre 1984 en Préfecture.

 

La réalisation de l'entretien de la rivière est décidée : elle se fera du 23 au 26 février 1985 pendant les congés scolaires pour la première tranche, à Vendegies-sur-Ecaillon. Pendant ces quatre jours, 37 volontaires (Jeunes de NORD-NATURE, Membres du R.E.V., plus quelques chômeurs, volontaires, habitants, artisans) vont travailler sous la responsabilité de J. Petit, R. Dufour-Lefort (du R.E.V.) et G Zazina (NORD-NATURE) ; un jeune ingénieur écologue, membre de NORD-NATURE, St. Bacrot, apporte son aide technique ainsi qu'un spécialiste en techniques forestières, M. Th. Dupriez, et trois agriculteurs riverains qui prêtent leur matériel ; la Fédération NORD-NATURE est maître d'œuvre.

 

En quatre jours, le cours de la rivière est dégagé, nettoyé ; les souches gênantes et les amas de branchages formant obstacle au courant, sont enlevés, ainsi que les déchets. Des rochers générateurs de tourbillons et donc d'aération des eaux sont laissés ; les berges sont nettoyées mais les arbres et arbustes, correctement élagués, sont conservés. La rivière a fait peau neuve en conservant son aspect parfaitement naturel. Une seconde tranche de travaux pour finition s'effectue en 1988 au cours de divers week-ends.

 

Une inspection ultérieure, par un ingénieur de la D.D.A., un Chargé de mission de la D.R.A.E. et un observateur de D.D.J.S., a lieu en compagnie de J. Petit et de moi-même. Le rapport d'achèvement des travaux, fourni le 1° juillet 1986, ne peut que constater la bonne qualité du travail effectué et permet à la fédération de toucher les subventions promises (qui n'ont toutefois pas couvert les frais engagés par NORD-NATURE).

 

Mais l'opération était réussie. La démonstration de la faisabilité d'un nettoyage et d'un entretien de rivière par des méthodes douces était faite, la réussite et l'efficacité reconnues par tous.

 

Dans notre naïveté, nous avions pensé donner, par cet exemple, une leçon aux aménageurs de rivières. L'expérience ultérieure a montré que certains Services de l'Etat continuaient rectifications et curages par des moyens lourds, souvent disproportionnés avec le travail envisagé, très dispendieux et en négation de l'écologie ; de tels travaux, regrettables, s'effectuent encore, quinze ans après.

 

Mais, l'exemple de ce chantier n'a pas été perdu. En effet d'autres associations ont repris la technique des méthodes douces (C.P.I.E. d'Auxi-le-Château pour l'Authie, Noeux-Environnement pour la Loisne, par ex.) et l'Agence de l'Eau privilégie aujourd'hui la méthode.

 

NORD-NATURE, et le R.E.V., s'ils y ont perdu de leur énergie et de leur argent, n'ont pas perdu leur temps.

 

Références

 

-Rapport d'activité 1977, A. Delelis, Bull. NN, 1978, fasc.11, p.23

-Ecologie et nature - Démonstration de restauration et d'entretien d'une petite rivière par des méthodes douce, J.Petit, Bull. NN, 1985, fasc.39, p.24-25

- Un contresens écologique et économique : le curage de l'Ecaillon, J. Petit, Bull. NN, 1984, fasc.34, p.23-26

 

 

 

2°/ Lagunage naturel

 

Le lagunage naturel, technique d'épuration des eaux usées, est un cas typique qui mêle intimement éléments scientifiques et soucis de protection de la nature, les premiers conditionnant l'efficacité de la méthode. C'est bien la conjugaison de ces deux facteurs qui a amené NORD-NATURE à promouvoir le lagunage naturel.

 

Dans le cas de la région Nord Pas-de-Calais la promotion du lagunage a une histoire, dans laquelle la recherche scientifique, l'aménagement du territoire et l'action associative sont intimement mêlés.

 

C'est en 1968, deux ans avant la création de NORD-NATURE que je passe, pour mon laboratoire universitaire, un accord avec l'Agence de Bassin de Douai pour l'étude de l'autoépuration (évolution du plancton et de la qualité de l'eau) dans des bassins expérimentaux envisagés à Wavrin, au Sud de Lille, et alimentés avec l'eau polluée de la Deûle. Les études sont menées pendant quatre ans et fournissent des résultats intéressants : l'oxydation et la minéralisation des matières oxydables des eaux s'effectuent de façon satisfaisante, et d’une épuration naturelle s'y produit, en quelque trois semaines, aussi bien sinon mieux, que dans les stations d'épuration traditionnelles de l'époque. Mais des éléments minéraux, azotés et phosphatés, restent présents dans les eaux et s'accumulent dans les derniers compartiments.

 

Entre temps, la Fédération NORD-NATURE s'est créée et les plans d'aménagement de la région Nord Pas-de-Calais s'élaborent sous la direction de l'O.R.E.A.M.. Des réunions, auxquelles je participe, ont lieu entre l'O.R.E.A.M. (dirigé par Brunot de Rouvres) , l'Agence de Bassin (dirigée par J. Vernier) et NORD-NATURE : un projet de vaste Parc de la Deûle est élaboré au Sud de Lille, d'Haubourdin à la Bassée ; à ce projet, pris en charge par Mr Challet, de l'O.R.E.A.M., on incorpore, avec mon appui, sur une proposition de l'Agence de Bassin, de vastes lagunes pour l'épuration des eaux de la Deûle en vue de réalimenter la nappe de la craie qui fournit l'essentiel de l'eau à la Métropole lilloise.

 

C'était là une formidable promotion de lagunage à laquelle NORD-NATURE contribuait et dont elle pouvait être fière. Ce projet à longue échéance était bientôt rejoint par un autre projet de lagunage, auquel étaient associés les scientifiques de NORD-NATURE,aux Près du Hem à Armentières.

 

Les réflexions sur le lagunage naturel en qualité de technique d'épuration des eaux usées faisaient leur chemin à NORD-NATURE comme ailleurs dans d'autres pays. Or, Mme A. Delelis, membre de NORD-NATURE, effectuant une excursion phytosociologique en Allemagne de l'Ouest (Rasted) a l'occasion de voir, en 1975, une station expérimentale d'épuration des eaux de l'agglomération (2000 habitants) formée de lagunes à macrophytes (roseaux et joncs des tonneliers) (cf. Bull. NN, 1976, fasc.5).

 

Il apparaissait évident, dès ce moment, que l'aménagement idéal pour l'autoépuration était le couplage des deux méthodes parfaitement complémentaires : l’une expérimentée à Wavrin avec l'Agence de l'Eau (bassins dits à microphytes) et l’autre observée à Rasted par A.Delelis (bassins à macrophytes), les premiers effectuant l'essentiel de l'oxydation et de la minéralisation, les seconds terminant la minéralisation et absorbant les sels minéraux libérés. C'est donc cette double technique que, dès 1977, NORD-NATURE a tenté de promouvoir.

 

Cette technique a été recommandée dans le "Manifeste écologique" publié par NORD-NATURE dès 1977 (Bull. NN, 1977, fasc.9) et je l'ai, pour ma part, bien souvent décrite et conseillée dans de nombreuses réunions et conférences autant auprès de spécialistes que d'élus ou du grand public ; la promotion en a aussi été faite dans les brochures éditées par NORD-NATURE au sujet de l'aménagement rural (Bull. NN, 1986 et 1998).

 

L'idée du lagunage était lancée. A partir de cette époque, des aménagements de lagunage ont commencé à être réalisés dans de petites agglomérations de la région par les D.D.E. et D.D.A..

 

Ailleurs en France, l'idée progressait aussi mais c'étaient des lagunages à microphytes qui étaient surtout réalisés. En 1980, le C.T.G.R.E.F. (Centre Technique du Génie Rural des Eaux et Forêts) éditait un petit fascicule "Traitement des eaux usées par lagunage naturel" (voir biblio) et les propositions concernant les bassins à macrophytes revenaient à l'ordre du jour.

 

Dans la région, un inventaire des stations de lagunage réalisé par un stagiaire de NORD-NATURE, en comptait une vingtaine au milieu des années 1980. Mais ces stations, construites sur le modèle préconisé à trois bassins, dont deux à macrophytes, étaient toutes incomplètes car ces derniers n'étaient pas plantés ; l'épuration y était donc imparfaite, d'autant qu'elles n'étaient pas entretenues, d'où des défauts de performances auxquels il fallait remédier.

 

J'ai donc relancé, à partir de ce constat, une nouvelle campagne d'information au nom de NORD-NATURE, qui s'est traduite par des cycles de conférences et par la publication de nombreux articles dans le Bulletin, dont un numéro spécial qui a pu être édité grâce à la collaboration de l'E.N.R. (voir biblio).

 

Un vrai lagunage, avec bassins à microphytes et bassin à macrophytes était enfin construit à Lallaing,sans que NORD-NATURE y soit associée, par un concepteur belge (voir Bull. NN, 1991, fasc.65 p.10 et Bull. NN, spécial lagunage, 1994, p.55).

 

Mais quelques années plus tard, j'étais invité à participer à la conception d'une autre vraie station de lagunage à Wallers-Trélon en concertation avec le S.I.D.EN. (Maître d'œuvre) et l'Agence de l'Eau ; les idées de NORD-NATURE pouvaient enfin se traduire sur le terrain.

 

J'avais exprimé, en 1993-94, le souhait que NORD-NATURE crée une équipe de jeunes spécialement orientée vers la promotion et la réalisation du lagunage pour les petites collectivités régionales ; c'était possible grâce aux facilités d'emplois (C.E.S.) du moment, mais les responsables de NORD-NATURE de l'époque n'ont pas donné suite au projet. C'est donc à l'Association NORD-NATURE CHICO MENDES, qui venait d'acquérir son indépendance, que j'ai confié la mission de poursuivre l'opération lagunage ; en 1999, les idées de NORD-NATURE qui avaient pris naissance dès le début de 1970, ont pu être vraiment mises en œuvre sur le terrain avec la présentation d'un projet d'aménagement pour les communes de Camblain-l'Abbé et de Cambligneul dans le Pas-de-Calais. D'autres suivront car l'idée progresse avec la nécessité que ressentent les petites communes de se mettre en conformité avec la législation concernant les eaux usées.

 

L'adaptabilité et l'efficacité de la méthode de lagunage dans le NORD/PAS-de-CALAIS a fait l'objet d'un rapport dont la réalisation a été confiée par la Région à NORD-NATURE en 1996-97 ; ce travail rapporte l'observation et l'analyse des cas de lagunage régionaux.

 

Références

- L'épuration biologique des eaux, A. Delelis-Dusollier, Bull. NN, 1976, fasc.5, p.41-44

- Manifeste écologique, La rédaction, Bull. NN, 1977, fasc.9, 34 pages

- Traitement des eaux usées par lagunage naturel. Eléments de conception et de dimensionnement, C.T.G.E.F, Informations techniques 1980, cahier n° 9

- Aménagement rural et sauvegarde de la nature, E. Vivier et A. Delelis, Bull. spécial 1986, fasc.42

- La pollution des marais de St Omer, II - Observations et propositions, E. Vivier, Bull. NN, 1989, fasc.56, p.12-13

- Le lagunage naturel, technique d'épuration des eaux usées, E. Vivier et J.L. Viane, Bull. NN, 1990, fasc.58, p.24-31

- L'eutrophisation et l'application du lagunage naturel à l'épuration des canaux, rivières et plans d'eau, E. Vivier, Bull. NN, 1990, fasc.59, p.9-12

- Le lagunage...comprendre l'importance biologique de l'azote et du phosphore...pour comprendre l'eutrophisation et le lagunage, E. Vivier, Bull. NN, 1990, fasc.60, p.9

- Comment appliquer le lagunage naturel aux eaux marines littorales, E. Vivier, Bull. NN, 1990, fasc.60, p.10-11

- Contribution de NORD-NATURE au Livre blanc de l'Agence de l'Eau, EAU 2000, NORD-NATURE, Bull. NN, 1990, fasc.60, p.12-15

- Le lagunage en question, E. Vivier, Bull. NN, 1990, fasc.61, p.32-33

- L'épuration des eaux usées. Le lagunage en question (suite) : l'installation de Lallaing (Nord), E. Vivier, Bull. NN, 1991, fasc.65, p.10-11

-L'écosystème canal et la maladie des canaux. Quels remèdes ? E. Vivier, Bull. NN, 1994, fasc.76, p.11-13

- Parc de la Deûle ? E. Vivier, Bull. NN, 1994, fasc.77, p.10-11

- Le lagunage naturel. Technique d'épuration des eaux. Pourquoi ? Comment ? E. Vivier, Bull. NN, hors-série, 1994, 72 p.

- Faisabilité du lagunage naturel pour l'épuration des eaux. Adaptabilité et efficacité de la méthode. Observation et analyse de cas dans le Nord Pas-de-Calais, E. Vivier, Rapport NORD-NATURE, 1997, 36 p.

 

3°/ Le Conservatoire du Réseau des Milieux naturels

Le besoin d'un Conservatoire régional pour protéger et gérer les milieux naturels les plus précieux se faisait sentir depuis longtemps dans cette région sururbanisée et surindustrialisée où ils étaient menacés, grignotés, dégradés en permanence. L'alerte avait surtout été lancée par les botanistes (Pr. Géhu) et par des ornithologues (G.O.N.). Il fallait donc passer à l'action.

C'est à l'Assemblée Générale de NORD-NATURE, réunie à St Omer en 1989, que la décision a été prise sur la suggestion du Bureau. A cette réunion était invité le service "Espace Naturel Régional" et son Directeur, Mr Gonzague Devaux, était présent. En effet, NORD-NATURE souhaitait associer, dans un même élan, tous ceux qui étaient intéressés par la sauvegarde des milieux naturels et nous avions bien conscience que nous ne pourrons faire face seuls à la tâche.

La décision étant prise, il fallait mettre en place ce Conservatoire. NORD-NATURE a donc confié, en en gardant la maîtrise, une étude de faisabilité à un groupe de volontaires intéressés qui comprenait, outre des représentants de NORD-NATURE, des représentants du G.O.N., de l'E.N.R., de la M.N.E., de la D.R.A.E. et des observateurs des Conseils Généraux. L'animation de ce groupe de travail était assuré par Mme Nicole Nowicki qui appartenait à notre Fédération et avait antérieurement effectué un stage d’un an chez nous.

Diverses réunions de ce groupe de travail ont eu lieu au cours des années 89 et 90 mais le projet n'avançait guère. En effet, plusieurs types d'organisations s'affrontaient : soit une opération interne à NORD-NATURE, soit une association séparée, soit une charte associant divers partenaires ; en un an et demi, rien n'avait avancé et Mme Novicki, pour des raisons personnelles, abandonnait ses responsabilités d'animatrice du groupe.

Devant les risques d'enlisement du projet et les rivalités ou propositions qui s'affrontaient, je décidai alors de prendre les choses en main. Je rédigeais, entre Noël 1990 et le 1er janvier 1991, un projet de charte, afin d'avoir une base de discussion ; des réunions de concertation avec les autres partenaires étaient organisées les 16 et 28 janvier 1991. Le projet était soumis à l'avis du G.O.N., de l'E.N.R., de la M.N.E. : il comprenait la nomination d'un bureau permanent avec deux représentants de chacune des grandes organisations (N.N., G.O.N. et E.N.R.) et un représentant de la M.N.E. Dans une réunion du Conseil d'Administration du 16 mars 1991, NORD-NATURE donnait son accord à l'organisation prévue.

Le statut de charte a alors été précisé :

Le Conservatoire du Réseau des milieux naturels prenait la forme d'un "Groupement d'Intérêt Ecologique" (G.I.E.) avec un Comité de pilotage paritaire et pluripartenarial comprenant trois groupes

- les instances territoriales (5 représentants)

- les associations (5 représentants)

- les scientifiques (5 représentants)

 

Après accord de toutes les parties, (les Départements restant à l'écart), et négociations ultimes (dont l'accord du Conseil scientifique le 10 juin 1991), la signature de la charte eut lieu le 29 novembre 1991, au Centre de Phytosociologie de Bailleul avec :

- Mme N. Dhainaut, Présidente de NORD-NATURE

- M. N. Joseph, Président du Conseil régional

- M. M. Delebarre, Président de l'E.N.R.

- Professeur J.M. Géhu, Directeur du Centre de Phytosociologie et Président du Conseil scientifique régional

- M. L. Kérautret, Président du G.O.N.

- M. C. Burie, Président de la M.N.E.

En outre, les Directeurs de l'E.N.R. (M. Devaux) et de la M.N.E. (Mlle G. Verbrugge) étaient présents.

Le bureau était alors élu :

- E. Vivier, Président

- J.M. Géhu, Vice-président

- D. Bredin, Directeur (chargé de mission E.N.R.)

Le siège était fixé à Bailleul au Centre de Phytosociologie.

Le Conservatoire du Réseau des Milieux Naturels (C.R.M.N.) était né. NORD-NATURE avait rempli la mission qui lui avait été confiée à l'Assemblée Générale de St Omer, mais la gestation du C.R.M.N. avait duré plus de deux ans.

Sous la direction dynamique et diplomatique de D. Bredin, le C.R.M.N. a très vite pris en main la gestion d'espaces naturels de la région qui lui était confiée par les propriétaires, généralement les communes. Des contrats de gestion étaient passés assurant la conservation d'espèces végétales et d'espèces animales, et des conditions du milieu (zone humide par ex.) par des opérations appropriées (clôtures, mesures agri-environnementales, maintien du niveau d'eau, etc...) ; le mode de gestion était toujours déterminé après études préalables et décision concertée au niveau du Comité de pilotage.

Le C.R.M.N. a ainsi fonctionné plusieurs années avec efficacité. En 1992 il gérait déjà douze sites représentant plus de 200 ha et une quarantaine d'autres étaient à l'étude. C'est le 12 juin 1992, à la Ferme du Héron de Villeneuve d'Ascq que fut célébré le premier anniversaire du C.R.M.N., avec une conférence de presse. C'était le début, dans le Nord Pas-de-Calais, d'une gestion des espaces qui avait déjà commencé dans d'autres régions avant la nôtre.

Mais notre C.R.M.N. avait un défaut majeur : il n'avait pas de personnalité juridique. Fondé sur une simple charte, il ne pouvait encaisser ni subventions, ni dons et il ne pouvait pas non plus devenir propriétaire de sites : il était condamné à des contrats de gestion avec les propriétaires et devait, pour ses propres finances, passer par un autre organisme ; pour des raisons de facilité, c'est l'E.N.R. qui assurait cette gestion. Mais cet état de dépendance n'était satisfaisant pour personne, pas plus pour la présidence assurée par NORD-NATURE que pour le gestionnaire qui devait assurer la comptabilité. Il fallait donc étudier et mettre en place une autre structure.

Un groupe de travail a alors été mis en place par NORD-NATURE pour trouver une autre solution : la création d'une nouvelle association en remplacement de la charte.

Cette nouvelle association, indépendante, a été créée le 22 octobre 1994 : c'est le "Conservatoire des Sites Naturels" (CSN) du Nord et du Pas-de-Calais dont les membres fondateurs sont la Fédération NORD-NATURE, le G.O N., la Société de Botanique du Nord de la France, la Société de géologie du Nord, la Société de mycologie du Nord et le Centre Régional de phytosociologie / Conservatoire botanique national de Bailleul ; Frédéric Hendoux était élu comme Président. Dès sa création, ce C.S.N. s'affiliait à la Fédération nationale des Conservatoires régionaux et des Parcs naturels de France et quittait ainsi notre Fédération.

Le Conservatoire, un enfant de NORD-NATURE, conçu à St Omer, prenait son essor après une gestation de cinq ans.

Références

- Création d'un Conservatoire des milieux naturels du Nord de la France, E. Vivier, Bull. NN, 1991, fasc.63, p.35

- Conservatoire du Réseau des milieux naturels du Nord Pas-de-Calais, Charte année 1991, E. Vivier, Bull. NN, 1992, fasc.66, p.40-41

- L'action du C.R.M.N., D. Bredin, Bull. NN, 1992, fasc.69, p.41

- Participez à la gestion des milieux naturels avec le Conservatoire des sites naturels, F. Hendoux, Bull. NN, 1995, fasc.79, p.40

 

 

 

4°/ Un projet prestigieux : l'opération Chico Mendès

 

Né d'un dialogue entre deux personnes, lancé comme un pari fou sans moyens, le projet est devenu en quelques années une action exemplaire grâce à une volonté sans faille au service d'une idée généreuse.

 

C'est au tout début de 1989 qu'est né le projet au cours d'une entrevue que j'ai eue à la D.R.A.E., avec la personne chargée des relations avec les associations, Annick Makala. Le sujet abordé concerne les actions à mener par NORD-NATURE pour l'année, en vue d'une demande de crédits. Pour ma part, je propose la réhabilitation des zones dégradées régionales (friches) en zone nature avec des plantations diversifiées, Annick Makala de son côté propose une sensibilisation à la nature des enfants des écoles. Et ici, jaillit l'étincelle : pourquoi ne pas associer les deux idées dans une même action ? Pourquoi ne pas faire la réhabilitation AVEC les enfants des écoles sur un terrain qui leur servirait de zone d'observation et d'étude de la nature ?

 

L'idée était séduisante. Il fallait la mettre en œuvre : s'assurer de la faisabilité, s'assurer la collaboration des intervenants possibles (écoles, élus locaux, associations locales), assurer le soutien financier donc rechercher les partenaires financeurs potentiels, trouver des collaborateurs actifs susceptibles de suivre les actions de terrain, etc...

 

Pour la faisabilité, NORD-NATURE pouvait utiliser l’expérience du "Poney-Club" de Wambrechies une des associations affiliées dirigée par Mr Franck.

 

Restait... tout le reste.

 

Il fallait aussi trouver un nom emblématique à l'opération : un défenseur pacifiste et efficace de la forêt amazonienne, Chico Mendès, venait d'être assassiné, deux mois plus tôt... Annick Makala proposa de lui donner son nom... c'était génial !

 

Il fallait aussi envisager le lancement de l'opération : l’occasion s’en présentait avec l'organisation d'un Festival du film d'environnement (Ecovision) organisé à Lille en mai 1989 ; c'était l'occasion idéale... mais il ne restait que trois mois pour mettre au point le projet et obtenir l'accord de tous les partenaires.

 

L'opération Chico Mendès se voulait partenariale, c'était même une condition sine qua non de sa réussite. Tous les contacts ont été mis en route, à la fois par la D.R.A.E. et par moi-même . Il fallait évidemment le feu vert de NORD-NATURE : le Conseil d'Administration, bien entendu, le donnait. Alors, lettres, communications téléphoniques, fax et rendez-vous se sont succédés à un rythme accéléré avec la Région, le Rectorat et le C.R.D.P., les Départements, le Ministère de l'Environnement, les services de l'Etat (D.D.E., D.D.A., D.R.I.R.E., Agence de l'Eau) et, bien évidemment, l'organisation du Festival Ecovision et aussi... les médias : un travail de toutes les semaines avec tous ses imprévus, surprises agréables ou désagréables. Je ne citerai que quelques anecdotes parmi beaucoup d'autres.

 

- Il fallait élaborer le projet de charte ; après en avoir discuté avec A. Makala jusque tard dans l'après-midi et jeté sur le papier les idées essentielles, je lui laisse le soin de rédiger le texte en prenant rendez-vous pour le lendemain matin afin de mettre au point, ensemble, la rédaction définitive. Celle qu'elle me présente le lendemain est parfaite. On l'expédie alors comme proposition à tous les signataires potentiels : Ministre, Président du Conseil Régional, Recteur, Présidents des Conseils Généraux. Ouf ! on y est presque.

 

- Trois jours avant la date du festival qui devait voir la signature de la charte Chico Mendes par le Président du Conseil Régional, son cabinet m'informe par téléphone que le Président Noël Josèphe ne signerait pas... Catastrophe ! Effondré, je téléphone aussitôt à Annick Makala (D.R.A.E.) qui me répond "Je sors du bureau de Monsieur Noël Josèphe qui m'a dit être d'accord pour signer"... Ouf !

 

- La veille du festival, nous recevons un Fax du Ministère demandant qu'on modifie une phrase du texte, condition sine qua non de la signature du Ministre. Bien sûr nous rectifions aussitôt dans le sens souhaité, mais il faut transmettre immédiatement le nouveau texte aux autres signataires : cela est fait par fax... il est environ 18 heures, la veille du Festival.

 

Le Festival Ecovision a lieu devant quelque 2000 personnes.

 

Sur l'estrade, autour de Monsieur Pierre Mauroy, Maire de Lille, le Ministre Brice Lalonde, le Préfet, le Président du Conseil Régional Noël Josèphe, le Recteur, le Directeur du Festival Ecovision, et un invité, combien symbolique : un chef indien d'Amazonie.

 

Après les discours et autres allocutions d'usage, la parole m'est donnée pour présenter l'opération Chico Mendès et la charte.

 

Et c'est sous les acclamations de la salle, la cérémonie des signatures. Tous signent, seuls les Présidents de Conseils généraux, qui se sont fait excuser, réservent leur signature après accord de leurs Assemblées. Nous les obtiendrons quelques semaines plus tard (voir Bull. NN, 1989, fasc.56).

 

La charte était signée, il fallait engager l'action... sans en avoir les moyens. Mais NORD-NATURE avait, comme personnel, deux objecteurs de conscience (Gérard Lefebvre et Frédéric Hendoux) et une stagiaire (Hélène Boutonné) ; il fallait aussi diffuser l'information, sensibiliser les enseignants, les élus locaux, s'assurer de la collaboration des Services de l'Etat concernés. Un énorme travail commence, mené de concert par la D.R.A.E. (dont le Directeur était Mr Piquet-Pellorce) et par NORD-NATURE.

 

Tout est à créer, la technique, le savoir-faire, la pédagogie, les documents écrits..., la tâche est lourde mais enthousiasmante (voir Bull. NN, 1989, fasc.57).

 

Une première présentation de l'opération Chico Mendès est organisée, sous l'égide de la D.R.A.E. et de NORD-NATURE, le 13 novembre 1989, à la Préfecture, avec une cinquantaine de participants : associations, Région, Départements, Education Nationale, D.R.E., D.D.E. Nord et Pas-de-Calais, C.E.T.E., D.D.A.F., O.C.C.E., Eclaireurs de France, etc... Ce que nous comptons faire, comment, avec qui, pourquoi ?... Tout cela est exposé.

 

Les demandes affluent très vite, presque trop vite. NORD-NATURE a créé à la MNE un secrétariat permanent Chico Mendès à la M.N.E. avec une ligne téléphonique directe.

 

Et c'est, avant la fin de 1989, la signature d'une première Convention Chico Mendès à Mardyck, le 16 décembre, sur un terrain de 6000 m2.

 

Le premier terrain Chico Mendès était créé en collaboration avec deux écoles de la commune. Mais le premier essai a révélé un malentendu : le Maire avait pensé que l'équipe Chico allait lui réaliser une sorte de jardin public, l'échec était donc prévisible. Il valait mieux informer.

 

NORD-NATURE et la D.R.A.E. ont donc mis sur pied une vaste campagne d'information et un Comité de pilotage largement ouvert aux partenaires extérieurs et aux représentants de l'Education nationale (I.P.R. et I.D.E.N.) (Inspecteurs pédagogiques régionaux et Inspecteurs départementaux de l'Education Nationale). Les réunions se sont succédées : 12 janvier, 17 janvier, 9 février, 15 février, 4 avril 1990. En même temps un premier "Guide pratique d'aménagement" était élaboré ; d'autres allaient suivre.

 

Afin de parfaire la sensibilisation et l'information nécessaires, une grande séance publique se tenait à Dunkerque, le 5 juin 1990, pour le lancement officiel de l'opération Chico Mendès dans le cadre de la journée mondiale de l'environnement. Organisée de concert par la D.R.A.E. et NORD-NATURE, elle a eu lieu dans les locaux de la Communauté Urbaine de Dunkerque devant de très nombreux membres des enseignements primaires et secondaires, dont la présence des représentants régionaux officiels (Région, Départements, Rectorat) et, en plus, celle d’un invité brésilien, de passage en Europe, chercheur scientifique sur la forêt amazonienne, parlant français...une chance et un atout..

 

Tout est allé très vite en ces années 90 et 91.

 

L'opération Chico Mendès s'est ensuite développée rapidement : fin 1990, une douzaine de terrains étaient au programme. Une équipe NORD-NATURE était alors installée avec trois chargés de mission, aidés d'objecteurs et de T.U.C. ou C.E.S.. Il fallait aussi pourvoir au financement ; deux financeurs institutionnels principaux étaient sollicités : la D.R.A.E. et la Région qui répondaient favorablement, ainsi que le Département du Pas-de-Calais ; le Département du Nord , lui, émettait certaines réserves. En plus NORD-NATURE (avec l'aide d'Annick Makala, D.I.R.E.N.) partait à la recherche de sponsors, avec un certain succès : l'entreprise GABRIEL d'AUTHIE (tricots), les Pépinières de Beaufort, les 3 Suisses, les bouillons KNORR, la Firme informatique BULL, l'entreprise A.E.E. Ecoproduits...

 

Dans le même temps, l'opération Chico Mendès bénéficiait, outre le Label "Comité français pour l'Environnement" (C.F.E.) obtenu dès fin 1989, du Prix 1990 de la Fondation FORD et en 1991, d'un important Prix de la Fondation de France.

 

NORD-NATURE mettait en même temps en chantier, un logo et un film vidéo, ce dernier tourné avec l'aide du C.R.D.P. et du journaliste Alain Denvers.

 

Sur notre demande, et avec l'appui d'un Inspecteur pédagogique régional, NORD-NATURE obtenait aussi du Rectorat un poste de Professeur détaché à mi-temps pour l'opération Chico Mendès ; ce poste était attribué à Robert Trouvilliez.

 

Le développement était exponentiel sous tous ses aspects. Profitant de la dynamique NORD-NATURE envisageait, au-delà du développement régional, une extension nationale et même européenne. Des contacts étaient donc pris avec le Ministère de l'Environnement et avec d'autres organisations nationales pour un tel développement (F.N.E., O.C.C.E., C.P.I.E., Foyers ruraux). La charte Chico Mendès était traduite en anglais et en portugais, des contacts établis avec le Brésil par la voie diplomatique et avec la Firme américaine WARNER BROS, détentrice du brevet d'utilisation du nom de Chico Mendès (acheté à Mme Chico Mendès) qui donnait son accord... Plusieurs réunions au Ministère à Paris avaient permis de tout mettre au point pour l'extension nationale, y compris dans ses aspects juridiques, après enquête favorable d'un Bureau spécialisé, et le Bureau national Chico Mendès était envisagé dans la région Nord Pas-de-Calais.

 

Tout était prêt... quand le Ministre Brice Lalonde donnait brusquement sa démission, entraînant la disparition de son cabinet.

 

L'extension nationale était par terre...

 

Que nous avait-il manqué pour réussir ? Il eût suffi évidemment que le Ministre reste en poste quelques jours de plus... ou aurions-nous pu être plus rapides pour que la signature intervienne plus tôt ? Oui, sans doute, mais nous avions confiance et puis, je n'étais plus Président de NORD-NATURE, et les formalités au niveau du bureau de notre Fédération étaient ralenties.

 

L'ambition nationale était momentanément brisée. Mais l'opération Chico Mendès a continué avec succès au niveau régional.

 

Une nouvelle chance d'extension nationale est apparue à nouveau en 1993. Des contacts ont repris avec le Ministère et avec la Fédération française toujours favorable ; à la suite d'une entrevue (Annick Makala et moi-même) avec le cabinet ministériel, le dossier était remis en route. Au début 1994, tout était à nouveau prêt pour l'extension et le siège du bureau national dans la région était offert à Douai ; ne restait qu'à régler des accords financiers qui étaient en pourparlers, l'espoir était à nouveau permis.

 

C'est alors que le bureau de NORD-NATURE a tout lâché et que le Conseil d'Administration a décidé de séparer l'opération Chico Mendès de la Fédération pour en faire une association autonome. La défaillance de NORD-NATURE a, cette fois-ci, entraîné l'échec de l'extension nationale.

 

On pourrait épiloguer sur ce double échec des perspectives d'extension d'une opération exemplaire, prestigieuse, qui reste et restera un des fleurons de la Fédération NORD-NATURE, qui a failli sombrer en décembre 1994 et n'a été sauvée que par la volonté de ses responsables. Mais il suffira ici de dire que l'opération Chico Mendès, devenue association indépendante sous le nom de NORD-NATURE Chico Mendès depuis le premier janvier 1995, a continué de se développer avec un nouveau dynamisme au niveau régional, en s'affiliant à la Fédération.

 

Références

- Opération Chico Mendès, E. Vivier, Bull. NN, 1989, fasc.56, p.3-5

- Opération Chico Mendès. Un grand projet pour NORD-NATURE et ses associations officielles "la nature retrouvée", E. Vivier, Bull. NN, 1989, fasc.57, p.5-8

- Développement de l'opération Chico Mendès, E. Vivier, Bull. NN, 1990, fasc.58, p.14

- Opération Chico Mendès (extrait de la présentation officielle de l'opération Chico MENDES), E. Vivier, Bull. NN, 1990, fasc.60, p.17

- Opération Chico Mendès. Réhabilitation des espaces dégradés. Le déroulement des opérations, E. Vivier, Bull. NN, 1990, fasc.59, p.6-8

- L'opération Chico Mendès va son chemin, E. Vivier, Bull. NN, 1991, fasc.63, p.31

- L'opération Chico Mendès avance... s'organise... s'amplifie, E. Vivier, Bull. NN, 1991, fasc.62, p.12-13

-Opération Chico Mendès: - extension de l'opération au niveau national - un nouveau prix décerné à NORD-NATURE, E. Vivier, Bull. NN, 1991, fasc.65, p.2-3

- Opération Chico Mendès, déjà le 10.000 ème, H. Boutonné, Bull. NN, 1993, fasc.73, p.33-34

- Les projets NORD-NATURE 1994. III. Opération Chico Mendès, E. Vivier, Bull. NN, 1994, fasc.76, p.5-6

- NORD-NATURE Chico Mendès. Des jeunes travaillent et gagnent, E. Vivier, Bull. NN, 1995, fasc.78, p.27-28

- La réhabilitation des friches industrielles. Interview de M. R. Franck, G. Lefebvre Bull. NN, 1990, fasc.60, p.26-29

 

5°/ Escaut vivant

Les problèmes de l'Escaut, sa vallée, sa canalisation, la qualité déplorable de ses eaux, faisaient depuis le début de NORD-NATURE, l'objet de ses soucis, d'autant que se profilait un projet de mise au grand gabarit qui aurait fini de saccager le Haut-Escaut, lequel avait conservé quelques charmes.

Des associations locales, membres de NORD-NATURE (Association de défense du Haut-Escaut, R.E.V., puis Cambraisis-Environnement) s'y étaient intéressées, mais rien d'important n'avait été entrepris.

C'est au tout début des années 90 que j'ai reçu une lettre accompagnée de communications téléphoniques, d'une association belge, "De milieuboot" (Présidente : Dolorès Baita) qui faisait le projet de fédérer toutes les associations s'intéressant à l'Escaut, de la source à l'estuaire, donc de France, de Belgique et des Pays-Bas.

J'ai donc répondu aussitôt pour donner l'accord de NORD-NATURE sur le principe (sous réserve de l'approbation de la Présidente et du Conseil d'Administration puisqu'il s'agissait d'une association supranationale) ; une entrevue entre Dolorès Baita et moi eut lieu à Lille pour préciser les modalités éventuelles de la collaboration. Le bureau de NORD-NATURE confia alors la tâche de continuer la concertation avec l'association belge à Janine Petit, Présidente du R.E.V., en accord avec l'association Cambraisis-Environnement.

Des rencontres sont alors organisées, sous l'égide de NORD-NATURE, avec les Belges et les Hollandais, en vue de réaliser une grande action d'information et d'étude sur l'Escaut et ses problèmes. Ces concertations aboutissent à un projet de croisière sur l'Escaut programmé pour 1993, et qui, financièrement aidé par la Région Nord Pas-de-Calais pour la France, se réalise du 21 au 28 février 1993 sur trois bateaux-péniches des trois nationalités (Belgique et Pays-Bas) et le Nord Pas-de-Calais (France). Cette croisière est en même temps l'occasion de la tenue d'un congrès baptisé "Escaut sans frontières", car, au voyage, s'ajoutent des conférences-débats dont celle de Cambrai du 22 février : elle voit la participation aux côtés de la Présidente de NORD-NATURE, de l'Agence de l'Eau Artois-Picardie, du Conseil Régional et d'E.N.R., de la municipalité de Valenciennes, des Voies Navigables.

De la source à l'embouchure tous les problèmes ont été passés en revue. Ce voyage a été à de nombreux points de vue instructif et constructif et a permis d’envisager des pistes d'actions pour le futur.

Le problème essentiel qui restait à régler concernait les structures à mettre en place pour pouvoir agir : des structures nationales ou une structure internationale, des structures uniquement associatives ou des structures officielles ou encore mixtes. Pour la partie française, une association "Escaut Vivant" prenait forme sous l'impulsion de Janine Petit, Vice-Présidente de Nord-Nature.

Après diverses concertations, une grande journée était organisée au Palais des Congrès à Lille, le 14 janvier 1994 : réunissait quelque 200 personnes, dont des responsables politiques et administratifs de la région, des représentants belges (Wallons, Bruxellois et Flamands) et néerlandais, avec des interventions de A. Delelis, Présidente de NORD-NATURE, E. Vivier, Président d'Honneur, Monsieur Boulan, Directeur de l'Agence de l'Eau, les Professeurs G. Billen (Bruxelles) et Nich de Pauw (Schelae Faculteib), A. Trédez et G. Hascoet (V.P. de la région), J. Petit, responsable "Escaut vivant", et la Présidente de la Région, M.C. Blandin, qui avait tenu à présenter une lettre d'introduction et d'encouragement aux associations.

Dans la foulée, NORD-NATURE avait constitué un groupe "Escaut vivant" où travaillaient une chargée de mission et quelques contractuels. Les études et projets sur l'Escaut démarraient. C'est alors qu'est apparue la possibilité de créer un nouvel organisme susceptible de gérer les problèmes : un G.E.I.E. (Groupement européen d'intérêt écologique) doté de la personnalité juridique, et regroupant associations, institutions et secteurs économiques.

Pour NORD-NATURE, il s'agissait de choisir :

- soit adhérer à l'association belge "Escaut sans frontière", régie par les lois belges

- soit créer un G.E.I.E.. Cette dernière solution avait le soutien du Ministère de l'environnement, du Conseil Régional, de l'Agence de l'eau et de France-Nature-Environnement.

Le Conseil d'Administration de NORD-NATURE choisit cette dernière solution. En conséquence, à partir de 1996, le groupe "Escaut vivant" de NORD-NATURE a disparu pour laisser la place à une nouvelle structure pluraliste : l'association de préfiguration du G.E.I.E. où NORD-NATURE, en qualité de membre fondateur, possède un représentant permanent (actuellement Janine Petit).

L'Escaut, en qualité de rivière, était donc pris en charge par un nouvel organisme. Mais on peut penser que, demain, certains soucis relatifs à l'ensemble du bassin de l'Escaut qui comprend la Lys et peut-être même le canal à grand gabarit (Dunkerque-Valenciennes) devront retenir l'attention, à nouveau, de notre Fédération car l'expérience montre que, jamais, les choses ne sont définitivement réglées. Mais, en attendant, l'association de préfiguration du G.E.I.E "Escaut Vivant" continue activement son travail sur ce fleuve qui en avait grand besoin.

 

Références

- Escaut sans frontières, J. Petit, Bull. NN, 1993, fasc.71, p.32-35

- Pour un Escaut vivant et sans frontières, E. Vivier, Bull. NN, 1993, fasc;73, p.39-41

- Escaut vivant, M.C. Blandin et A. Delelis, Bull. NN, 1994, fasc.74, p.13-14

- Les sources de l'Escaut, Cambraisis-Environnement, Bull. NN, 1994, fasc.76, p.42-

- Escaut Vivant, J. Petit, Bull. NN, 1995, fasc.78, p.36-37

 

6°/ Etudes effectuées

Pour aller de l'avant, il faut savoir. Or personne ne sait tout, il faut donc faire des études pour ouvrir de nouvelles voies ou les consolider.

La Fédération NORD-NATURE l'a fait dès le début, mais comme ses principaux responsables étaient des universitaires, les études ont été faites dans le cadre universitaire, diplômes, recherches libres ou contractualisées, stages... (voir Bull. NN, 1990, fasc.61, p.9). De plus des associations fédérées ont effectué des études dont a pu profiter NORD-NATURE, en particulier celles menées par le Groupe Ornithologique Nord et par les Amis du Fort d'Ambleteuse.

 

Les études propres à la Fédération NORD-NATURE n'ont été entreprises qu'à partir de 1985, après mon départ à la retraite ; elles ont été menées essentiellement par des stagiaires, parfois par des objecteurs ou encore des contractuels affectés à NORD-NATURE que je pouvais diriger et encadrer provenaient surtout des Universités lilloises (U.S.T.L. et plus récemment Faculté de Droit), ou des écoles lilloises (I.S.A., Institut agricole de Genech) ; cependant NORD-NATURE a accueilli des stagiaires provenant d'universités et d'écoles d'autres régions de France.

 

Ces études ont été, pour beaucoup d'entre elles, totalement bénévoles et donc à la charge de la Fédération ; pour d'autres elles se sont faites dans le cadre de contrats passés avec des organismes officiels (Délégation à l'Environnement, Région, Agence de l'Eau). Ces études ont donné lieu à des mémoires de 50 à 100 pages en moyenne, mais certains d’entre eux ont dépassé les 200 pages ; ils n'ont jamais donné lieu à publication intégrale, cependant, certains résultats ont été repris dans des articles publiés dans notre bulletin.

 

La liste des études effectuées par ou sous direction NORD-NATURE (M. Vivier) est fournie ci-après pour la période 1987-2000:

- L'environnement ans l'enseignement agricole de 4 pays européens : France-Belgique-Grande Bretagne - Pays-Bas. NN, 1989, Contrat D.I.R.E.N.

 

- L'environnement dans le bassin de la Sambre, la restauration du milieu naturel en milieu urbain. Etude NN, 1990 (stage U.S.T.L., M.S.T. ENVAR)

 

- Rejets industriels sur le littoral dunkerquois. Etude bénévole NN, 1990 (stage D.E.U.S.T., Calais)

 

- Les grandes infrastructures linéaires et l'aménagement rural : exemplaire du T.G.V. et de la Rocade littorale. NN, 1990, contrat D.I.R.E.N.

 

- Etude du projet d'aménagement du terril de Germignies. Etude bénévole NN, 1991 (stage U.S.T.L., M.B.P.O.)

 

- Les zones naturelles de la C.U.D.L. : inventaire, faune et flore, cartographie, fichier NN, en collaboration avec le G.O.N. et l'Institut phytosociologique de Bailleul, 1992 contrat C.U.D.L.

 

- Les plantes aquatiques des eaux stagnantes et rivières à court lent. NN, 1993, Contrat Agence de l'eau

 

- Piles usagées : devenir, recyclage (projet de récupération de toutes les piles au niveau de la C.U.D.L.). Etude bénévole NN, 1993, (stage Ecole d'agriculture, Genech)

 

- Etude sur les coûts globaux des stations d'épuration de type biologique. Etude bénévole NN, 1993 (stage U.S.T.L., sciences éco.)

 

- Etude sur le traitement tertiaire de l'épuration des eaux. Etude bénévole NN, 1993 (stage Ecole d'agriculture, Genech)

 

- Faisabilité d'un lagunage pour les eaux usées de l'Ecole de Genech. Etude bénévole NN, 1994, (stage Ecole d'agriculture, Genech)

 

- Etude d'un projet de réseau associatif régional. Propositions NN, 1995, Contrat D.E.E.D.(resp. : R. Trouvilliez)

 

- Faisabilité d'un lagunage des eaux usées de l'E.N.T.E. de Valenciennes dans un bras mort du Vieil Escaut. Etude bénévole NN, 1996, (stage U.S.T.L., M.B.P.O.)

 

- Etude sur certains aspects oubliés du développement durable : le cycle de l'azote et le recyclage des matières organiques azotées, l'eau de pluie et son recyclage domestique. Etude bénévole NN, 1996

 

- Requalification du site du 11/19 à Loos en Gohelle. Etude de faisabilité d'un lagunage. Etude bénévole NN, 1996 (stage U.S.T.L., M.B.P.O.)

 

- Etude sur les dégâts des lapins et des rats musqués dans le Nord/Pas-de-Calais. Etude bénévole NN, 1997

 

- Analyse des résultats du piégeage des mustélidés dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais. Etude bénévole NN, 1997

 

- Etude de la contribution de la région Nord/Pas-de-Calais à l'effet de serre : production et recyclage du gaz carbonique. Etude NN, 1997, Contrat D.E.E.D.

 

- Etude sur le lagunage pour l'épuration des eaux dans le Nord/Pas-de-Calais : adaptabilité, efficacité. Etude NN, 1997, Contrat D.E.E.D.

 

- Remise en cause de l'arrêté ministériel du 30 septembre 1988 déterminant le classement des espèces dites nuisibles. Etude NN, 1997 (stage Université Droit et Santé)

 

- Le fonctionnement des déchetteries, intérêt et devenir des déchets. Etude bénévole NN, 1997 (stage Université du littoral, M.B.P.O.)

 

- Etude sur le devenir des eaux usées des petites agglomérations dans la vallée du Wimereux. Etude bénévole NN, 1997 (stage Institut supérieur de l'environnement, Trappes)

 

- Etude sur le système d'assainissement des eaux usées du littoral par des méthodes rustiques : infiltration - percolation, lagunage. Etude bénévole NN, 1997 (stage U.S.T.L., M.B.P.O.)

 

- Synthèse de documents sur l'érosion des sols dans la région Nord/Pas-de-Calais. Etude bénévole NN, 1997 (stage Institut agricole de Genech)

 

- Etude floristique (arbres et arbustes) d'une partie des haies d'un secteur bocager de la Flandre intérieure. Etude bénévole NN, 1998 (stage libre)

 

- Inventaire bibliographique de la faune bocagère dans la région Nord/Pas-de-Calais. Etude bénévole NN, 1998 (stage libre)

 

- Bilan et propositions dans la lutte antiérosive sur bassins versants au Pays de Montreuil. Etude bénévole NN, 1998 (stage Institut agricole de Genech)

 

- Application de la réglementation sur l'eau à une station d'épuration par lagunage. Etude bénévole NN, 1999 (stage libre - Faculté de droit Lille)

 

- La situation juridique de la Réserve nature du Platier d'Oye. Etude bénévole NN, 1999 (stage Faculté de droit Lille, D.E.E.S. Environnement)

 

- Etude hydrologique des sources du Nord/Pas-de-Calais : la Sensée. Etude préliminaire NN, 1999 (stage U.S.T.L.), Contrat Agence de l'eau

 

- Etude hydrologique des sources du Nord/Pas-de-Calais, la Scarpe, la Ternoise. Etude NN, 1999 (stage U.S.T.L.) Contrat Agence de l'eau

 

- Etude hydrologique des sources du Nord/Pas-de-Calais, l'Aa. Etude NN, 1999 (stage U.S.T.L.) Contrat Agence de l'eau

 

- Etude hydrologique des sources du Nord/Pas-de-Calais, l'Escaut. Etude NN, 1999 (stage U.S.T.L.) Contrat Agence de l'eau

 

- Etude hydrologique des sources du Nord/Pas-de-Calais, la Lys. Etude NN, 1999 (stage U.S.T.L.) Contrat Agence de l'eau

 

- Etude hydrologique des sources du Nord/Pas-de-Calais, la Sambre. Etude NN, 1999 (stage U.S.T.L.) Contrat Agence de l'eau

 

- Etude hydrologique des sources du Nord/Pas-de-Calais, la Canche, l'Authie. Etude NN, 1999 (stage U.S.T.L.) Contrat Agence de l'eau

 

- Etude hydrologique des sources du Nord/Pas-de-Calais, Wimereux, Liane, Slack. Etude NN, 1999 (stage U.S.T.L.) Contrat Agence de l'eau

Sommaire

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