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La lutte biologique au jardin |
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Cette fiche pratique est inspirée de la brochure "Comment jardiner "Naturel"?". Auteur : Emile Vivier | accueil |
Dans un jardin, écologiquement conduit, la très grande
majorité des ravageurs des cultures trouve des ennemis naturels que l'on
peut distinguer en 3 groupes :
. Les petits prédateurs des petits animaux nuisibles (mollusques, insectes
et leurs larves), non spécifiques.
- Les prédateurs spécifiques, en particulier pour les pucerons.
. Les grands prédateurs vertébrés.
Il s'agit donc là d'auxiliaires du jardinier qu'il faut favoriser. Pour
cela il faut les connaître et connaître leur mode de vie.
La lutte biologique La lutte biologique,
c'est l'utilisation par l'homme d'une espèce vivante pour en détruire
une autre qui provoque des dégâts sur des ressources cultivées
ou élevées par lui. |
1 - Les ennemis des
petits ravageurs
Il y a des arthropodes qui sont de précieux auxiliaires. Parmi ceux-ci
des insectes : les carabes et certaines guêpes parasites ainsi que les
araignées.
. Les carabes, ainsi que leurs larves, sont de remarquables prédateurs et se nourrissent de proies diverses : insectes et larves, chenilles, limaces... Ce sont des insectes de couleur sombre, souvent avec des tons bronze, verts et dorés, qui courent sur le sol. Ils mesurent de 1 (cicindèle) à 4 cm (carabe chagriné) ; le carabe des jardins, le plus courant, mesure environ 2,5 cm. Ils sont malheureusement devenus très rares par suite de l'usage abusif des pesticides ; ils sont surtout actifs la nuit et se cachent le jour sous des abris divers. Il faut donc protéger les endroits qui leur servent de refuges (coins humides et ombrages) ; ils hivernent dans des endroits très abrités (cabanons, amas de pierrailles ou de branchages,...).
Carabe doré
. Les guêpes parasites sont des auxiliaires précieuses par le fait qu'elles pondent leurs oeufs dans le corps même des espèces nuisibles où leurs larves se développent ensuite en détruisant l'hôte. Il en existe plusieurs espèces, toutes de petite taille (de l'ordre du mm), chacune étant parasite d'un hôte précis : pucerons, chenilles... La guêpe parasite hiverne sous forme de larve à l'intérieur même de la dépouille de son hôte ; la métamorphose s'effectue au printemps en même temps qu'apparaissent les insectes qui vont être parasités par les nouvelles larves de la guêpe, laquelle n'a qu'une vie très éphémère; plusieurs générations de guêpes peuvent se succéder à la belle saison car le cycle est court. Pour protéger les guêpes parasites, il faut donc protéger, pendant l'hiver, les bois et les fanes de plantes où l'on aura repéré l'activité des guêpes (un bon observateur y parvient facilement) en les stockant dans un endroit abrité des fortes intempéries.
Chenille parasitée par des larves de guêpes (asticots sortant du corps de l'hôte)
Il existe une limace carnivore, la
testacelle, peu connue et peu répandue car elle est souvent confondue
avec les espèces voisines. Elle se reconnaît à sa
couleur blanchâtre et surtout à la présence d'une
minuscule coquille plate en arrière sur son dos. Ces limaces d'une
taille de 3 à 5 cm, |
. Les araignées, qui sont souvent mal-aimées, sont en réalité, toutes carnassières et donc utiles en détruisant de très nombreux insectes. Celles qui construisent des toiles capturent les insectes volants (mouches, moustiques, papillons...), mais d'autres espèces, terrestres, capturent les insectes à l'affût dans un terrier ou même à la course pour certaines. Les espèces d'araignées sont nombreuses mais, comme toutes sont utiles, il est indispensable de ne pas les détruire dans les jardins.
2 - Les prédateurs
spécifiques
Il s'agit là essentiellement des destructeurs de pucerons. Comme les
pucerons constituent l'ennemi le plus courant du jardinier, il est indispensable
de bien connaître quels en sont les prédateurs naturels qui sont
essentiellement les coccinelles, les larves de syrphes et de chrysopes.
Le plus connu est sans conteste, la coccinelle et surtout sa larve.
Il en existe plusieurs espèces mais les deux plus fréquentes dans
les jardins sont la coccinelle à 7 points et la coccinelle à 2
points (élytres orangés avec 7 ou 2 points noirs) ; une autre
espèce se rencontre également qui possède des élytres
noirs avec 4 taches rouges. Toutes se nourrissent de pucerons ainsi que leurs
larves. Elles pondent de petits œufs allongés jaunâtres par
groupes de 10 à 20 à la face inférieure des feuilles où
des pucerons sont présents. Dès leur éclosion les larves,
qui se déplacent grâce à leurs 3 paires de pattes, dévorent
les pucerons tout autour d'elles ; il est passionnant de les observer et de
voir avec quelle rapidité elles font place nette en quelques jours.
A la fin de leur croissance, les larves se nymphosent en se fixant sur les parties
des plantes bien exposées à la lumière. L'adulte qui en
sort se nourrit aussi de pucerons mais avec moins d'avidité ; après
accouplement, les femelles vont pondre au milieu d'une autre colonie de pucerons.
Les coccinelles sont des destructeurs très efficaces. Le problème est comment en avoir au moment voulu en quantité suffisante, compte- tenu que les pucerons qui sont, à la belle saison, parthénogénétiques, se multiplient à une très grande vitesse par des générations successives de femelles. Il faut donc non seulement protéger les coccinelles mais favoriser leur présence.
Le cycle de la coccinelle
>> un exemple de fusain sauvé naturellement par des coccinelles (Psyllobora 22-punctata)
Elevage des coccinelles ou" bêtes à bon dieu" Le premier élevage de coccinelles
en France a été effectué vers 1985 par la municipalité
de Caen en collaboration avec l'association régionale de défense
de la nature, le C.R.E.P.A.N. |
Les protéger c'est d'abord ne pas utiliser
d'insecticides même s'il y a une apparition importante de pucerons car
quelques coccinelles sont peut-être déjà là
et en traitant contre les pucerons, on détruirait immanquablement leurs
ennemis. C'est aussi permettre aux coccinelles d'hiverner correctement ; elles
passent la mauvaise saison abritées sous des amas de feuilles, de brindilles,
dans la litière des haies : il est donc nécessaire d'avoir des
espaces non cultivés à proximité.
Il arrive aussi que l'on constate des concentrations de coccinelles en certains
lieux (ex. : littoral) quand des zones sauvages existent à proximité
(où pucerons et coccinelles se multiplient) et quand des conditions météorologiques
(vents par exemple) entraînent les coccinelles qui se posent et s'accrochent
aux derniers obstacles. Il est alors possible de ramasser quelques centaines
de coccinelles en très peu de temps ; il ne reste qu'à les ramener
et les libérer dans son jardin.
. Les syrphes sont des mouches (donc n'ont que deux ailes) dont le corps montre quelques ressemblances avec celui des guêpes (qui, elles, ont 4 ailes) avec des anneaux jaunes et noirs.
Syrphe adulte
Ces syrphes sont parfaitement inoffensives, et on les voit souvent voler autour des fleurs car elles se nourrissent de pollen et de nectar. Ce sont les larves qui sont utiles, ce sont elles qui se nourrissent de pucerons. En effet, des œufs pondus généralement par la mouche isolément au milieu des colonies de pucerons, naissent des larves qui sont des sortes d'asticots qui se déplacent lentement à la surface des feuilles en absorbant les pucerons dont on aperçoit les restes au travers de leur corps semi-transparent.
Larve de Syrphe au milieu des pucerons
Comme les coccinelles, la protection des syrphes commence par la non-utilisation d'insecticides; ensuite il est bon de préserver, à proximité, des plantes comme les ombellifères (même des ombellifères cultivées comme le persil, le cerfeuil...) dont les fleurs attirent les syrphes. Enfin, là aussi il faut préserver les lieux d'hivernage ; selon les espèces ce sont des larves ou des femelles qui hivernent dans des feuilles sèches ou des plantes fanées. |
. Les chrysopes (Névroptères) sont des petits insectes au corps frêle, surmonté de grandes ailes verdâtres en toit, à l'avant duquel dépasse une petite tête portant 2 gros yeux dorés et 2 longues antennes. Ces insectes se ren-contrent souvent pendant la mauvaise saison dans les maisons et dans les endroits protégés (abris de jardin, granges...).
Chrysope adulte
L'adulte, bien que partiellement carnivore, n'est pas destructeur de pucerons : c'est la larve. Les oeufs pondus souvent à la face inférieure des feuilles, sont aisément reconnaissables car ils sont suspendus, isolément ou groupés, par de petits pédoncules de 1 cm de long. La larve, qui ressemble un peu à celle de la coccinelle et se déplace à l'aide de ses 3 paires de pattes, dévore activement les pucerons autour d'elle grâce à de puissantes mandibules.
Larve de chrysope
Une seule femelle de chrysope pond
10 à 20 oeufs jours pendant FI plusieurs semaines et donne ainsi
naissance durant sa vie à plusieurs centaines de larves qui vivent
10 à 20 jours. Deux à trois générations de
chrysopes se succèdent pendant la belle saison. |
Comme pour les précédents, la protection
des chrysopes relève des mêmes facteurs : non-utilisation d'insecticides,
protection des adultes en hivernage... et surtout, si vous en apercevez au bord
de vos fenêtres, laissez-les vivants et libres.
Le seul problème pour ces insectes utiles, c'est de les avoir à
temps au printemps lors de l'apparition des premières colonies de pucerons.
Là, c'est tout l'intérêt d'un environnement écologique
qui garantisse l'hivernage et permette aux ennemis des pucerons d'être
en nombre suffisant sur place en temps utile.
TABLEAU
N.B : Certains pourraient penser
qu'un traitement insecticide en tuerait plus d'un coup. Mais ce serait
oublier plusieurs choses : |
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